L'hôtel Ibis de Chambéry, en Savoie, a la particularité d'utiliser toutes les énergies, jusqu'à des panneaux solaires. C'est pourquoi le groupe Accor et Schneider Electric l'ont choisi pour expérimenter une solution de suivi des énergies. Celle-ci vise à améliorer la gestion énergétique, tant au niveau de l'établissement que du groupe, à accompagner les prises de décisions et à faciliter la maintenance.
Dans l'hôtel savoyard, les données de consommations électriques générales, de la cuisine, des services généraux et des ballons d'eau chaude, ainsi que celles d'eau chaude sanitaire et d'eau froide, de gaz et du système solaire, sont transmises au directeur sous la forme d'un tableau de bord numérique. Courbes de consommations, historiques, moyennes quotidiennes et mensuelles, comparaisons entre périodes de l'année, identification des pics exceptionnels, suivi des coûts... lui permettent de sensibiliser son personnel et de prendre des décisions telles que la modification des cycles de dégivrage des chambres froides, l'arrêt des appareils de cuisine à certaines heures, etc. L'hôtel a également renégocié son contrat de fourniture électrique sur la base des données observées.
Pour renforcer la sécurité sanitaire (risques de rupture de la chaîne du froid, de salmonelles...), des sondes surveillent toutes les dix minutes les températures des chambres froides et de l'eau chaude. Si la température d'une chambre froide descend, une alarme par SMS est déclenchée. De même, si la consommation d'eau n'est pas nulle au moins une fois pendant la nuit, une fuite est signalée. Ce système permet une plus grande réactivité et efficacité des équipes d'entretien et de maintenance.
L'intérêt de la solution réside surtout dans la transmission des données à l'outil de pilotage environnemental du groupe Accor, baptisé Open. Comme l'Ibis de Chambéry, 1 500 autres établissements y envoient leurs mesures qui, pour une majorité d'entre eux, sont encore relevées manuellement. À terme, si le système de Schneider Electric est généralisé, ils seront tous connectés automatiquement.
Grâce à Open, la direction du groupe établit des ratios en fonction des taux d'occupation et des indices de fréquentation, par familles d'hôtels et par régions. Elle incite ainsi les établissements à se comparer, avec pour objectif de se maintenir au niveau des ratios, voire de faire mieux. Une émulation qui vise une réduction globale des consommations, donc des coûts, ainsi que l'ancrage d'une stratégie environnementale. Enfin, les données sont utilisées pour le dimensionnement des installations neuves ou en rénovation : une boucle d'eau chaude sanitaire conçue au plus juste peut se satisfaire de 70 watts par chambre au lieu de 200.
Le bilan technique de cette expérimentation est satisfaisant. Quant au bilan financier, il ne pourra être établi que dans un an, au vu des factures énergétiques de l'hôtel. En attendant, un test similaire a commencé à l'hôtel de Crissier, près de Lausanne (Suisse), et une option multisite est expérimentée au Brésil. Si l'investissement par hôtel - 1 000 euros par compteur, soit 10 000 euros pour l'hôtel Ibis de Chambéry - est faible, reste, pour le groupe, à l'utiliser pour poursuivre son effort de sobriété : il a déjà réduit sa consommation énergétique de 10 % entre 2006 et 2010.