Sur le marché
C'est une première française qui verra le jour en 2012 dans l'écoquartier de Balma-Vidailhan, une Zac de 1 200 logements au nord-est de Toulouse (31) : le couplage d'un réseau de chaleur au bois à une centrale solaire thermique industrielle. Cofely (groupe GDF Suez), qui conçoit, met en oeuvre et gérera ce réseau de chaleur utilisant 80 % d'énergies renouvelables, a choisi la technologie solaire de SAED (Sophia-Antipolis énergie développement).
« Nous voulions expérimenter, à Balma, une installation solaire à haute température pour compléter un réseau de chaleur à la biomasse avec appoint au gaz », explique Patrick Nigon, chef de projet chez Cofely. Un appel à projets international, lancé par le bureau d'études Holisud, a reçu des réponses anglaises, australiennes, autrichiennes et chinoises avec des concentrateurs Fresnel ou paraboliques. Mais faute d'une solution satisfaisante, Cofely et Holisud se sont finalement rapprochés de la start-up française SAED. « Leur technologie est la moins onéreuse, sa conception plus fiable et sa maintenance facile », affirme Patrick Nigon. Créée en 2008, SAED a développé, pour les pays émergents, une technologie robuste à partir de solaire thermique, produisant de l'énergie thermique et de l'électricité à bas coût. « Il s'agit d'une installation de tuyauteries industrielles équipée d'un caloduc pour transférer l'énergie captée par les tubes sous vide à de l'eau surchauffée à 130 °C, décrit Christian Lenôtre, directeur général délégué de SAED. Cela nous permet de produire de la chaleur à température élevée tout en conservant un excellent rendement. Une turbine ORC (organic rankine cycle) transforme les calories inutilisées en électricité. »
Ses capteurs utilisent des composants existant sur le marché comme les tubes sous vide, complétés par des éléments propres, protégés par quatre brevets, qui améliorent notamment de 30 % les performances du caloduc. Les composants sont assemblés en usine afin de simplifier l'installation sur le terrain.
La centrale solaire thermique de Balma comportera 800 m² de capteurs et 8 m3 de stockage qui fourniront environ 15 % des besoins de chaleur (50 % d'eau chaude, 5 à 10 % de chauffage). La puissance installée sera de 350 kW et aura une production thermique de 500 à 600 MWh/an. Le réseau n'émettra que 39 grammes de CO2 par kilowattheure d'énergie livrée, pour un coût d'installation de 3 millions d'euros, dont 500 000 euros pour le solaire.
Les champs de capteurs SAED, optimisés pour des puissances de 5 à 100 MW thermiques, peuvent être déployés pour d'autres usages. « Notre technologie solaire convient à la climatisation, à la production d'électricité et à des procédés industriels comme la désalinisation », explique Christian Lenôtre. Une trentaine de projets sont en cours, dont plusieurs devraient voir le jour cette année.
Deux pilotes sont déjà installés : Premio, une première mondiale inaugurée en novembre 2010 à l'École des mines de Paris à Sophia-Antipolis, produit de l'électricité (5 kW), de l'énergie thermique (55 kW) avec stockage (150 kWh) et est pilotée par un réseau intelligent ; le deuxième, installé au CEA de Cadarache en mars dernier, est une boucle thermique de 100 kW permettant de valider à l'échelle industrielle les performances et le fonctionnement du système. Le réseau de chaleur de Balma sera construit, quant à lui, au cours de ce semestre, avec une mise en route du solaire à l'été 2012. Si ses résultats sont concluants, Cofely déploiera cette technologie de solaire haute température à plus grande échelle.