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ENERGIE

Le chauffage au bois cherche un second souffle

LA RÉDACTION, LE 1er DÉCEMBRE 2011
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En se donnant pour objectif d'atteindre 23 % d'énergies renouvelables dans la consommation d'énergie en 2020 et de satisfaire 64 % du volet chaleur renouvelable grâce à la biomasse, la loi Grenelle 2 pousse au développement de la filière bois-énergie. Pourtant, certaines formes de chauffage au bois polluent. « En France, sur l'ensemble des émissions de particules, le chauffage au bois contribue pour 22 % aux particules grossières (PM10, de diamètre inférieur à 10 µm) et 37 % aux particules fines (PM2,5). Ces valeurs peuvent atteindre 50 à 60 % en hiver », rapporte Isabelle Derville, à la Direction générale de l'énergie et du climat du ministère de l'Écologie. Et une étude récente menée par Airparif révèle que parmi les 30 % de particules produites localement en Ile-de-France, la contribution du chauffage résidentiel au bois est importante et identique à celle du trafic. Les particules font l'objet d'une attention toute particulière car elles ont un effet nocif sur la santé. La France, d'ailleurs, est en situation de contentieux avec l'Europe pour non-respect des normes de la directive sur les PM10. Un Plan particules national entend parvenir à réduire de 30 % les émissions de particules fines dans l'air ambiant d'ici à 2015. La recette pour concilier réduction des gaz à effet de serre, développement des énergies renouvelables et qualité de l'air ? « Proscrire les formes polluantes du chauffage au bois, selon Julien Allirot, chargé de mission énergie et référent biomasse au sein de l'Ageden, l'espace info-énergie de l'Isère. Et développer les autres formes plus performantes. » Le chauffage domestique au bois est le principal fautif. « On considère que 70 % du parc d'appareils domestiques est ancien », note Roland Gérard, chef adjoint du service bioressources de l'Ademe. Or, « l'écart entre les émissions de particules d'un poêle ancien et d'un poêle moderne à bûches peut atteindre un facteur 20 », précise Julien Allirot. La Programmation pluriannuelle des investissements de production de chaleur 2009-2020 donne donc la priorité au remplacement des inserts et poêles anciens par des équipements récents, plus performants. La modernisation du parc est également encouragée par l'écoprêt à taux zéro et des crédits d'impôt en cas de renouvellement ou de primo acquisition. De plus, à l'image de la Région Rhône-Alpes et du conseil général de l'Isère, certaines collectivités proposent des aides financières. Pour changer d'appareil, le label Flamme verte est un bon guide, car il distingue les installations dotées d'un bon rendement, et donc de faibles émissions de particules. « Mais aucune mesure directe des émissions de poussières n'est réalisée », précise Roland Gérard. Par ailleurs, les taux d'émissions sont liés à la qualité du combustible. Remplacer les traditionnelles bûches par des granulés ou des plaquettes, aux caractéristiques mieux maîtrisées, est donc pertinent. Cependant, « même modernes, les appareils domestiques ont des performances inférieures aux chaufferies collectives, équipées de filtres », tempère Vincent Le Biez, chef du service énergie, climat et véhicules à la Driee Ile-de-France. C'est pourquoi l'État prévoit « un développement de la filière bois-énergie essentiellement via de grandes installations de combustion », rappelle Isabelle Derville. Le volet régional du Fonds chaleur renouvelable soutient des installations produisant de 100 à 1 000 tep/an, soit des chaudières de 400 kW à 4 MW environ. Via des réseaux de chaleur, elles pourraient desservir des zones pavillonnaires, et donc se substituer aux chauffages au bois domestiques. Cette idée est souvent évoquée, mais rien n'est encore acté au niveau réglementaire. Classées ICPE à partir de 2 MW, ces installations sont équipées de systèmes de filtration très performants, comme les filtres à manches, qui garantissent des rejets de poussières très bas, de l'ordre de 10 mg/m3 à 11 % d'oxygène. Cependant, pour des puissances inférieures au mégawatt, le coût d'une filtration performante est si élevé qu'il n'existe parfois aucune solution technico-économique viable. Mais de nouveaux filtres, par exemple à céramique, pourraient prochainement changer la donne. Les actions sur la qualité de l'air dépendent aussi des territoires. D'un point de vue technique, tout d'abord : « si en zone rurale un système de filtration multicyclone sur un réseau de chaleur au bois peut suffire, ce n'est pas le cas dans les zones plus denses, peu favorables à une bonne dispersion des particules et où les sources d'émissions sont multiples (transports, industries, chauffage au bois, etc.). Le projet est alors conditionné par une combustion et un système de filtration optimaux », souligne Serge Defaye, président du Cibe. Des outils réglementaires peuvent participer à la conciliation de la qualité de l'air et du chauffage au bois. Le plus récent est le schéma régional climat, air, énergie, issu de la loi Grenelle 2. En cours de développement, c'est l'exemple d'une approche globale de ces trois enjeux. « Tous les scénarios sont passés au crible de la qualité de l'air, avec une priorité donnée à l'efficacité énergétique », précise Benoît Leclerc, vice-président délégué à l'énergie et au climat du conseil régional Rhône-Alpes. Parmi les pistes de réflexion évoquées, « être vigilant sur les schémas d'approvisionnement des installations et trouver les moyens de développer et de densifier les réseaux de chaleur, par exemple en travaillant sur les documents d'urbanisme, les PLU et les Scot », poursuit-il. Ces schémas viennent s'ajouter aux plans de protection de l'atmosphère (PPA), instaurés par la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (dite Laure) du 30 décembre 1996. Ils s'imposent partout où les concentrations en PM10 dépassent les normes européennes, et pour toutes les agglomérations de plus de 250 000 habitants. Lyon, Paris, Grenoble, Saint-Étienne et certaines vallées alpines comptent parmi les 33 PPA français. Mais ce n'est qu'à la suite de leur révision, proposée par le Plan particules, que ces plans se sont réellement penché sur l'impact du chauffage au bois sur la qualité de l'air. Le groupe de travail rhônalpin « qualité de l'air et bois-énergie », déjà bien avancé sur la question, relève deux priorités pour concilier les enjeux dans ces zones sensibles : agir sur toutes les sources d'émissions et développer le bois-énergie dans des installations collectives équipées, dès que possible, de filtres permettant d'aller au-delà de la réglementation. En dernier recours, les PPA peuvent fixer des mesures plus restrictives que la réglementation nationale. Ainsi, dans le cadre de la révision de certains PPA, l'interdiction des équipements peu performants et l'instauration de normes d'émissions plus strictes sont envisagées. Faut-il aller jusque-là ? Les discussions sont en cours. Le sujet est sensible car, économique, le bois est parfois le seul moyen de chauffage pour des foyers modestes.


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