L'ONF, un établissement qui a fait son temps ? Maintes fois entendue, la critique n'est pas du goût d'Hervé Gaymard. À la tête de son conseil d'administration, l'ex-ministre estime que « son modèle économique et ses missions, exercées pour le compte des deux patrons que sont l'État et les communes forestières, sont viables à condition de les consolider ». Car il y a bien péril en la demeure. Ce mammouth de près de 10 000 employés, en majorité des fonctionnaires, a choisi d'alléger ses effectifs de 1,5 % par an. À l'ONF, la masse salariale pèse pour deux tiers sur les charges d'exploitation. L'économie attendue est estimée à 3,8 millions d'euros par an. Pour faire passer la pilule, le contrat d'objectifs État-ONF 2012-2016 prévoit d'intéresser les agents aux économies réalisées par le biais d'une indemnité.
Une première réorganisation avait déjà généré un gain de productivité. « D'une organisation très hiérarchisée, on est passé à une organisation de type matriciel, qui croise un maillage territorial et des structures fonctionnelles », explique Pascal Viné, directeur général de l'établissement. Au plus proche du terrain, on trouve aujourd'hui 350 équipes d'une petite dizaine d'agents qu'il est question de réduire à 300. Mais il en faudra plus pour rééquilibrer durablement le budget, très dépendant des recettes fluctuantes de ventes de bois et de l'accroissement des charges (poids croissant des retraites à verser). « Pour l'essentiel, l'équilibre résulte de subventions de l'État », ont ainsi pointé des inspecteurs généraux de l'Environnement dans un rapport publié cet été.
Pour renforcer son autonomie, de nouvelles pistes sont explorées. D'abord, les communes forestières contribueront au financement de l'ONF à hauteur de 2 euros par hectare de forêt gérée. Cette nouvelle taxe s'applique à 11 300 communes et devrait rapporter 5,6 millions d'euros en 2012. Ensuite, dans les activités qu'il mène sur le champ concurrentiel (conseil, ingénierie), l'office veut dégager plus de marges en s'appuyant sur la dynamique des filiales ONF Énergie (production de plaquettes forestières) et ONF International (projets carbone). Par le biais de France Domaine, il continuera de se délester d'une partie de son parc immobilier et de maisons forestières. La maîtrise des coûts est aussi à l'ordre du jour. Dans le prolongement des efforts entrepris pour mettre en place une gestion centralisée de la paie, une comptabilité plus robuste et analytique va être déployée et la politique des achats rationalisée. « Depuis que les chercheurs ont été rassemblés dans un même bâtiment, on cerne mieux nos besoins en équipements et on maîtrise mieux nos achats », illustre Jean-François Dhôte, chef du département R & D. Selon lui, d'autres économies sont réalisables « en ciblant les investissements les plus pertinents et en renforçant les synergies avec des établissements comme le CNRS ou l'Inra ».