Si l'on en croit une étude récente du Commissariat général au développement durable 1 , face à une augmentation du prix de l'énergie, une personne sur deux déciderait de réduire sa consommation, deux fois plus que celles qui investiraient dans des équipements économes. De quoi ajouter de l'eau au moulin de François Brottes. Le député de l'Isère, conseiller énergie du candidat Hollande, a déposé une proposition de loi sur la tarification progressive de l'énergie qui sera débattue dans les prochains jours. Le principe, une nouveauté pour l'énergie, connaît déjà des applications, encore rares, pour l'eau et, plus nombreuses, pour la collecte des déchets. Il s'agit, par un signal prix, de responsabiliser l'usager et de lui faire modifier ses comportements. Pour l'eau et l'énergie, produit de première nécessité, il s'agit de faire baisser les consommations abusives tout en garantissant un volume de base bon marché. Pour les déchets, de réduire les tonnages collectés en facturant les ordures ménagères résiduelles au volume réel tout en stimulant le tri sélectif.
Mais pour être socialement juste, le dispositif ne peut se limiter au seul critère du volume consommé ou produit et c'est là qu'il se complique diablement, au risque d'être inapplicable. Composition du foyer, situation géographique, mode de chauffage, conditions de ressources, autant d'informations dont la collecte et le contrôle effraient n'importe quel fonctionnaire. C'est justement cette gestion qui freine l'extension de la redevance incitative des déchets alors que son effet sur la réduction des tonnages est incontestable. Sans compter que pour être vraiment juste en matière d'énergie, il faut aussi traiter différemment locataires et propriétaires, logement individuel et collectif. Car si le volet comportemental est indispensable, il trouve vite ses limites s'il ne s'accompagne pas de travaux d'isolation des bâtiments. Et là l'équation du financement reste insoluble. Certes, les lois Grenelle et la RT 2012 ont des effets positifs sur les logements neufs. Ils ont même réussi le tour de force de condamner le chauffage électrique, tombé déjà de 73 % en 2008 à 40 % en 2011. Mais comment rénover le parc existant ? Aujourd'hui, qui a les moyens de s'engager dans des investissements lourds à l'amortissement sur une longue durée ?