Ils assument plutôt bien les conclusions du manife ste Négawatt. Au niveau local comme sur le plan national, impossible d'atteindre l'autonomie énergé tique sans courir trois lièvres à la fois : la sobriété, l'efficacité éner gétique et la production d'éner gies renouvelables. Ils, ce sont les membres du réseau Territoires à énergie positive (Tepos), une dizaine de collectivités plutôt rurales, des porteurs de projets et des structures de soutien, comme le Cler-Réseau pour la transition énergétique. Leur principe de base : l'expérience des uns aide les autres à s'engager. « Certains élus sont isolés. Ils ont envie de faire quelque chose, mais ne savent pas quoi », constate Madeleine Charru, directrice du bureau d'études associatif Solagro et cofondatrice du Tepos. Par le biais de journées nationales an nuelles et d'échanges électroniques le reste du temps, ce réseau aide les néophytes à se lancer et les plus engagés à contourner les obstacles techniques ou réglementaires.
Illustration à Tramayes, vil lage de 1 000 habitants de Saône-et-Loire. Son maire, Michel Maya, n'a pas d'agents techniques sur lesquels s'appuyer. Il n'a pas non plus les moyens de s'offrir les ser vices d'un bureau d'études . Pour tant, ses questions sur l'énergie ne manquent pas. Après avoir créé une chaufferie au bois et un réseau de chaleur pour ali menter des bâtiments publics et une vingtaine de logements, « je m'interrogeais sur l'optimisation du système, illustre-t-il. J'ai envi sagé une production d'électricité à partir d'eau chaude, mais des échanges avec d'autres membres du réseau m'ont fait comprendre que ce n'était pas si simple ». A contrario, Michel Maya penche maintenant pour une installation complémentaire de méthanisa tion, qui permettrait de couper la chaudière à biomasse en plein été. Madeleine Charru sait à quel point la valeur de l'exemple est importante. Son voyage initia tique, Solagro l'a réalisé au milieu des années 1980. « Nous sommes allés à Güssing, en Autriche . C'était alors La Mecque du déve loppement territorial par les éner gies renouvelables. » Certaines collectivités françaises ont suivi le mouvement. Dont plusieurs appartiennent au Tepos : la ville de Montdidier, dans la Somme, qui a développé un parc éolien en régie ; la Biovallée, dans la Drôme, qui ambitionne d'être autonome en énergie en 2020 ; la communauté de communes de Mené, dans les Côtes-d'Armor, qui « a donné l'esprit du réseau », selon Yannick Régnier, chargé de projets au Cler…
Quelques semaines après les journées nationales du réseau, fin septembre, les idées circulent. « J'ai appris beaucoup de choses, notamment sur l'intégration des entreprises du territoire », se féli cite la directrice de Solagro. « J'ai vu qu'en Rhône-Alpes, des chauf feries de petite taille se sont asso ciées pour optimiser leurs coûts d'approvisionnement en bois déchiqueté », enchaîne Michel Maya. Le maire de Tramayes est déjà à la recherche de partenaires pour répliquer l'idée.