« Aujourd'hui, le pôle énergétique est recouvert de gazon, on ne voit rien. Quant aux panneaux photovoltaïques, ils se remarquent très peu. Si on peut mener un tel projet juste au chevet de l'église abbatiale de l'abbaye de Fontevraud, alors on peut le faire partout », s'enthousiasme Éric Morand, directeur d'exploitation de l'entreprise Bonnel, qui a géré tous les corps d'état hors technique. Ce nouveau pôle énergétique vise à diviser par deux la facture énergétique (300 000 euros par an en fioul et électricité) et à améliorer les conditions de travail. Sa construction a été confiée à un groupement comprenant deux bureaux d'études, un architecte et les entreprises Bonnel et Hervé thermique.
« Nos principales difficultés ont été administratives, témoigne Bruno De Sousa Reis, chargé de clients chez Hervé thermique. Comme il s'agit d'un monument historique, nous avons mené des démarches auprès du maire, des Bâtiments historiques et de l'archéologue. Tout a dû être validé, du calepinage des pierres à la couleur du grillage qui empêche les visiteurs de tomber. » Les fumées ont fait l'objet d'une attention particulière. Elles sont filtrées et sortent avec une concentration inférieure à 10 mg par mètre cube, ce qui les rend totalement transparentes.
D'avril 2012 à avril 2013, 10 000 m3 de terre ont été retirés au niveau d'une pelouse située au pied de l'église abbatiale, lieu emblématique de l'histoire monastique.
C'est là que le pôle énergétique a été construit. Recouvert d'une pelouse, il comprend deux chaudières à granulés de bois de 500 kW chacune, des bureaux et des espaces de stockage. Tout autour, le long de la coursive, 92 panneaux photovoltaïques (capacité de 9,2 kWc) sont utilisés en autoconsommation. Ils sont transparents pour laisser entrer la lumière dans les bureaux. L'installation des chaudières s'est accompagnée de la rénovation de l'ensemble du réseau de l'abbaye et de la pose de tuyaux dans les bâtiments jusqu'ici chauffés à l'électricité. Depuis novembre 2012, le site de 13 ha est entièrement chauffé au bois et les deux chaudières d'appoint au fioul installées (750 kW chacune) n'ont fonctionné que pendant les tests des chaudières au bois. Outre le pôle énergétique, l'investissement financé par le conseil régional des Pays de la Loire (5,65 millions d'euros) et l'État (350 000 euros) comprend l'installation de doubles vitrages et d'ampoules basse consommation ainsi qu'un pilotage à distance de l'éclairage et du chauffage. Les bâtiments ont été isolés selon leur type et leur usage, par exemple avec de la ouate de cellulose ou de la fibre de bois. Les objectifs ont déjà été atteints, voire dépassés : par rapport à 2011, la consommation d'énergie a été divisée par deux et l'émission de gaz à effet de serre par dix. l