Il se voyait architecte naval dans la plaisance. N'ayant pu choisir l'option génie maritime à l'École nationale supérieure de techniques avancées (Ensta), Jean-Michel Germa est devenu un professionnel de l'énergie. C'est avec le succès de son bébé, la Compagnie du vent, qu'il s'est fait un nom. Mais il n'a pas oublié sa passion. « J'ai toujours navigué », explique-t-il, évoquant son voilier de compétition avec des étoiles dans les yeux. L'ingénieur parle sans rougir de « vocation par défaut », ce qui ne signifie pas qu'il a accepté sans sourciller la voie qui s'ouvrait à lui. Dans les années 1970, il refuse de se spécialiser dans le génie chimique et quitte l'Ensta pour un troisième cycle dans le domaine des renouvelables. « Tous ceux qui faisaient de la mécanique des fluides allaient vers le nucléaire. Dans la mouvance post-68, le côté énergie d'État paramilitaire ne m'intéressait pas », affirme-t-il. Aujourd'hui, il est beaucoup plus nuancé, même s'il est convaincu que les renouvelables finiront par remplacer le nucléaire pour des raisons purement économiques. L'économie, c'est justement l'un de ses dadas. D'abord, parce qu'il est devenu un chef d'entreprise reconnu. Jean-Michel Germa vient d'ailleurs de créer deux nouvelles sociétés : Sunti (spécialisée dans les économies d'énergie pour l'industrie) et MGH (dans le stockage des énergies marines). Ensuite, parce qu'il a tiré quelques enseignements de son conflit ouvert avec GDF Suez à qui il a vendu partiellement la Compagnie du vent en 2007. « Le droit français ne protège pas les actionnaires minoritaires comme en Allemagne », regrette-t-il. Selon lui, cela explique en grande partie notre déficit d'entreprises de taille intermédiaires, trop vite absorbées et digérées par les géants de leur secteur. En attendant que ce droit évolue, ce à quoi il s'emploie, plus question pour lui de faire confiance à un grand groupe si ses entreprises ont un jour besoin de capitaux.