B
ienvenue dans votre lo gement, un nouveau référentiel d'habitat en Europe accessible à tous. » Les locataires de la résidence de l'Eau vive, dans l'écoquartier de Lieusaint (Sénart, 77) du même nom, n'ont pas emménagé, fin 2014, dans un bâtiment comme les autres. Ce que leur rappelle le livret d'accueil que le bailleur social FSM (Foyers de Seine-et-Marne) leur a distribué. Certifiés Passivhaus, les deux immeubles de trente-sept habitations constituent la première déclinaison hexagonale du projet européen Buildtog (« Building Together » ou construire ensemble). Celui-ci réunit une trentaine de sociétés de logement social ou public du réseau Eurhonet, le chimiste BASF (qui gère 8 000 logements sociaux en Allemagne) et son bureau d'études thermiques Luwoge Consult, ainsi que le cabinet d'architecte de Nicolas Michelin qui a imaginé un modèle constructif commun adaptable aux particularités locales. Objectif : bâtir dans plusieurs pays un même type d'habitat présentant, avec une architecture soignée et à un coût réduit, les caractéris-tiques d'un bâtiment passif (besoins de chauffage limités à 15 kWh/m²/an grâce à une conception bioclimatique, une isolation renforcée, une étanchéité à l'air parfaite, une VMC double flux…).
Les bâtiments collectifs passifs sont encore peu nombreux en France. Et chez les entreprises européennes d'habitat social, la connaissance, et a fortiori la maîtrise, du label allemand Passivhaus et de ses principes, est très variable. « Il existe toujours cette crainte de construire des Thermos. Dans cette résidence pourtant, conforts d'été et d'hiver sont au rendez-vous. Pour cette opération, nous avons consenti un surinvestissement de 9 %, qui sera supporté en partie par les locataires grâce aux économies de charges réalisées », indique Olivier Barry, le directeur général de FSM et vice-président d'Eurhonet.
Plusieurs projets Buildtog sont menés en Europe, au Luxembourg, en Suède, en Italie, en Belgique ou en Irlande, ainsi qu'en Allemagne où un bâ timent a déjà été livré à Darmstadt. En France, deux sont en cours à Arras ( Habitat 62/59) et Chalon-en-Champagne (Foyer rémois).
À Lieusaint, le chantier a duré vingt mois et a permis, selon FSM, de former quatorze entreprises aux exigences de la construction sobre en énergie. « Notre maîtrise d'ouvrage est montée en compétence grâce à cette opération. Car si ce design commun permet évidemment la reproductibilité, il favorise aussi un partage des pratiques et savoir-faire, que ce soit avec nos homologues, notamment ceux d'Allemagne, de Suède et d'Italie du Nord, les plus avancés, mais aussi avec la maîtrise d'œuvre ou BASF. L'industriel nous a clairement facilité la tâche, notamment à travers sa connaissance des matériaux et de l'ensemble des acteurs de la construction », souligne Olivier Barry.