Des signaux positifs ont été envoyés pour les début de la COP21. Premier motif de satisfaction : les discours des chefs d’États, le 30 novembre, en ouverture de la conférence sur le climat. « Les négociateurs ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas un mandat clair », prévient Matthieu Orphelin. Une avancée « importante » est notamment venue de la France. « La fondation Nicolas Hulot a apprécié le discours de François Hollande. Il a reconnu la dette écologique des pays occidentaux vis-à-vis des pays du Sud. » Mieux : le président français a apporté des précisions en termes de financement. François Hollande avait déjà annoncé en septembre un soutien supplémentaire de deux milliards d'euros d'ici à 2020. Il a donné des précisions le 1er décembre sur une partie des fonds mobilisés : « 400 millions serviront à financer les énergies renouvelables en Afrique et 700 millions seront destinés à l'adaptation au changement climatique et à la lutte contre la désertification », se félicite Matthieu Orphelin.
Et le projet d'accord juridique ? « Les négociateurs sont au travail, l'heure est au dégraissage. » L'objectif est de réduire le nombre d'options et de s'accorder sur des formulations. « Il y a 50 points en discussion avec 250 options sur la table. Il faut parvenir à les réduire à 10 ou 15 points de discussion pour l'entame de la deuxième semaine », vise l'expert de FNH. Pour avancer, les négociateurs se réunissent en sous-groupes. « Ils ont eu 25 réunions le 1er décembre et 23 étaient prévues le 2 décembre », raconte Matthieu Orphelin. Pour l'instant, la prudence s'impose. « La COP21 est entrée dans une phase importante où chaque partie doit écouter les autres », décrypte-t-il. Inutile de chercher les mauvais élèves, car les négociations seront encore longues.
Un groupe de travail s'est par exemple penché sur le pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Au début de la COP21, le projet d'accord évoquait un pic des émissions « avant 2030 ». Cette option a disparu du texte pour ne laisser que la référence à un pic « aussitôt que possible ». Pour FNH, c'est incontestable, « cette évolution ne va pas dans le bon sens », concède Matthieu Orphelin. Mais l'expert tempère : « Il ne faut pas s'alarmer. Le débat n'est pas clos. Le texte va encore beaucoup changer dans les jours à venir. »
Ce mercredi 2 décembre, d'autres discussions devaient ainsi avoir lieu sur des points cruciaux. A commencer par les engagements des États à réduire leurs émissions. Quand et comment ces engagements seront-ils révisés ? Comment les lier aux financements ? « Un consensus reste à construire sur la date de la première révision », souligne Matthieu Orphelin. Sur ce point, l'analyse de la fondation Nicolas Hulot est claire : « C'est en priorité aux pays du G20 de revoir leurs copie. Et sans attendre 2020 ».
Ces sujets seront encore largement débattus. « Mais ce qui permettra d'aboutir à un accord ambitieux », prévient Matthieu Orphelin, « c'est de traiter tous les sujets ensemble ». C'est-à-dire de lier les questions d'atténuation du changement climatique et des moyens. Les pays africains, par exemple, pourraient ne pas s'opposer à une révision des engagements nationaux tous les cinq ans, pressent-il. « A condition que la question des financements soit discutée en même temps. »
TB