Une page se tourne. Il aura fallu quatre ans, depuis la conférence de Durban en 2011, et deux dernières semaines de négociation très intenses. Mais la COP21 s'est bel et bien terminée le 12 décembre par un accord sur un texte « qui reflète les positions des parties », estime Laurent Fabius. Le ministre français des Affaires étrangères présidait cette COP21. La cérémonie officielle de signature est prévue le 22 avril 2016. Les États du monde entier devront ensuite, un à un, le ratifier selon des procédures propres à chaque pays. L'accord entrera formellement en vigueur en 2020 si 55 pays, représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le ratifie. Mais d'ores-et-déjà, la conférence de Paris sur le climat ouvre une nouvelle ère de coopération internationale dans la lutte contre le changement climatique.« A Copenhague, en 2009, l'approche descendante – du haut vers le bas – et contraignante s'était écroulée », retrace l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot. Notamment à cause de l'essor des pays émergents, qui rendait obsolète la vision d'un monde divisé en deux entre les pays développés d'un côté, les pays en développement de l'autre. Le modèle entériné à la COP21 repose sur « un système de contrainte très faible », décrypte l'eurodéputé. L'accord privilégie une discipline collective. « Chaque cycle de révision des engagements sera l'occasion pour les citoyens, les collectivités, les entreprises et tous les acteurs qui agissent déjà sur le terrain de pousser leur État à être plus ambitieux. Ça reflète la société d'aujourd'hui. »
Une première date est fixée
Concrètement, l'accord fixe un objectif de long terme : contenir le réchauffement climatique nettement en dessous de 2°C et poursuivre les efforts pour ne pas dépasser +1,5°C. Pour y parvenir, il s'appuie sur les engagements nationaux à mettre en place des politiques d'atténuation, d'adaptation et de financement. Ces contributions sont aujourd'hui, au total, insuffisantes. Un cycle de révision tous les cinq ans est donc mis en place. Une première date est fixée en 2023 pour un bilan mondial. Cela dit, dès 2018, un « dialogue facilitateur » est prévue pour faire le point avant l'entrée en vigueur de l'accord.En termes de financement, les 100 milliards de dollars à mobiliser chaque année par les pays développés à partir de 2020 sont désormais considérés comme un minimum. D'ici à 2025, un nouveau montant global sera défini, en tenant compte des besoins des pays en développement. Dès maintenant, un travail est engagé pour s'accorder sur les critères pour comptabiliser les financements climat. Signalons aussi que l'adaptation au changement climatique acquiert une place à part entière dans l'accord. Elle est reconnue au même titre que les efforts d'atténuation. Il en va de même des pertes et préjudices. Cette notion concerne les impacts irréversibles du changement climatique auquel il ne sera pas possible de s'adapter. Là-aussi, un travail s'engage, par exemple pour gérer les déplacements de population. Il s'appuiera sur un organe existant, le mécanisme dit « de Varsovie », créé en 2013.Pour les ONG, cet accord est certes « insuffisant », mais c'est « un point de départ », résume Célia Gautier, du réseau Action climat France. Le cap fixé est ambitieux, mais le processus pour le suivre reste à préciser. « Dès 2016, il va falloir enclencher ce travail », prévient Pierre Cannet, responsable du programme climat et énergie du WWF France. « C'est une responsabilité forte pour la France », qui conserve pour un an la présidence de la COP21 jusqu'à la COP22 prévue fin 2016 au Maroc.
TB