Pas si simple de monter des projets innovants ! L'aventure de la serre photovoltaïque Full spectrum montre que la recherche de financement est une course semée d'obstacles. La culture des microalgues offre la possibilité de produire des biocarburants de troisième génération à partir de CO2 d’origine industrielle et de substrats issus d’eaux recyclées.
Dès 2008, le département des Alpes maritimes finançait le projet Shamash (Inria de Sophia-Antipolis, laboratoire océanographique de Villefranche-sur-Mer) qui consistait à sélectionner en laboratoire, les meilleures souches de microalgues, d’un point de vue rendement en corps gras, pour l’élaboration de biocarburants de troisième génération. Puis également en 2011-2012, le projet national GreenStars de pré-industrialisation de ces nouveaux carburants. Mais ce projet labellisé IEED (Institut d'excellence dans le domaine des énergies décarbonées) a perdu son financement national suite au retrait d’industriels. D'où un redimensionnement au niveau local avec la création d'une équipe de projet commun Biocore, regroupant l’Inria et l’Inra de Sophia-Antipolis, l’Université Pierre et Marie Curie et le CNRS de Villefranche-sur-Mer. Avec pour réalisation aujourd'hui, la première plateforme « microalgue », Full Spectrum 1.
Cette serre de 60 m2 permet d’utiliser sélectivement la lumière pour combiner la production optimale d’algues par photosynthèse et la production d’énergie photovoltaïque. « Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie dans la culture de microalgues. Ces dernières offrent un potentiel d’innovation extraordinaire et une solution porteuse d’avenir à un horizon d’une dizaine d’années dans de nombreux secteurs dont l’énergie, la chimie et la nutrition humaine et animale », se réjouissait Eric Cioti, le président du conseil départemental. Cette plate forme qui comprendra un deuxième site Full Spectrum 2, plus représentatif d’un système industriel, met en application les résultats du projet Purple Sun financé par l’ANR. Il visait à améliorer les bilans à la fois environnementaux et économiques de la culture et notamment de réduire les coûts énergétiques. Le défi technologique est donc d'optimiser le partage du rayonnement solaire en une partie utilisée pour la production de microalgues et le reste pour la production photovoltaïque d'énergie. Le projet développe donc à la fois de nouveaux panneaux solaires semi-transparents autorisant la photosynthèse, et des procédés de culture de microalgues innovants.