La date du 22 avril 2016 restera dans les annales de l'ONU. C'est ce jour là que plus de 150 pays signeront à New York l'accord de Paris, négocié à la COP21 en décembre dernier. Le nombre de signataires dépasse tout ce que l'institution onusienne a connu. Jusque-là le record était tenu par la Convention du droit de la mer qui avait recueilli, en 1982, 119 signatures. L'accord de Paris sera ouvert à la signature jusqu'au 21 avril 2017. Mais attention, signature ne vaut pas mise en oeuvre. Chaque Etat devra ratifier l'accord selon sa procédure nationale. L'accord de Paris entrera en vigueur 30 jours après la ratification par au moins 55 parties représentant 55 % des émissions. Une entrée en vigueur dès 2018 ?Si l'entrée en vigueur de l'accord était plutôt prévue en 2020, les deux conditions requises pourraient cependant être atteintes bien plus tôt. Même la secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Christiana Figueres, est optimiste au point de pronostiquer qu'il « pourrait entrer en vigueur d'ici à 2018 ». En effet, si les Etats du Pacifique qui sont responsables de 0,0056 % des émissions mondiales de carbone, seront, vraisemblablement et symboliquement, les premiers à le ratifier, les Etats-Unis et la Chine ont déjà annoncé dans une déclaration commune qu'ils le feront très rapidement. Ils représentent à eux deux déjà 42 % des émissions. En revanche, l'Union européenne et ses Etats membres se trouvent dans une situation un peu compliquée. En effet, les engagements européens qui prévoient une baisse de 40 % des émissions d'ici à 2030 n'ont toujours pas fait l'objet d'une répartition entre Etats membres. La négociation qui ne pourrait aboutir qu'en 2017 bloque donc la ratification de l'accord par l'UE et ses Etats membres… L'UE représente quand même près de 12 % des émissions mondiales. Le commissaire européen à l'Action pour le climat, Miguel Arias Cañete, affirme que la proposition de répartition sera présentée avant l'été. Et il a jugé « impensable que l'UE et ses États membres , qui ont plaidé pour les objectifs les plus ambitieux à Paris, ne ratifient pas l'accord avant son entrée en vigueur ».De longues étapes préalablesParadoxalement, une entrée en vigueur précoce de l'accord de Paris bousculerait sérieusement les procédures onusiennes toujours longues et complexes. La CMA (la conférence des parties à l'accord de Paris), organe suprême de l'accord, ne sera mise en place qu'à son entrée en vigueur. C'est elle qui doit fixer ses modalités de mise en œuvre. Et la vingtaine de décisions à négocier pourrait nécessiter au moins trois ans. D'ici là, les Etats devront communiquer officiellement leurs engagement nationaux pour 2030 (NDC pour Nationally détermined contribution) et les traduire dans leurs politiques nationales. Ils auront à réviser leur NDC à la hausse tous les cinq ans. Le premier bilan est prévu en 2023 après un premier « dialogue facilitateur » en 2018.DBPour aller plus loin : retrouvez notre dossier spécial "L'Accord de Paris mis à l'épreuve"