Pour quels projets ?Le financement participatif n’est pas un simple geste citoyen, un acte de générosité ou de militantisme. Les campagnes réussies sont généralement celles dont les modèles économiques offrent de la visibilité. Dans l’éolien, le solaire et l’hydroélectricité avant tout. Les opérations s’avèrent, par exemple, plus délicates dans la méthanisation. Une collecte auprès d’investisseurs particuliers reste une véritable opération financière. Réfléchissez donc au meilleur moment pour la lancer. L’argent peut servir à financer le développement du projet ou la construction de la centrale. Mais la campagne peut aussi être engagée après le démarrage de l’installation pour se refinancer afin d’investir dans de nouveaux projets. Dans tous les cas, il faudra décider de la somme à lever. La réglementation impose aux plateformes régulées un plafond maximal initialement fixé à un million d’euros par an et par projet. La loi sur la transition énergétique parue en 2015 prévoit de le relever à un niveau qu’un décret doit préciser. Si un prêt est nécessaire en complément, vérifiez comment les banques perçoivent la plateforme de financement participatif que vous avez choisie.Avec quelle plateforme ?Entre les porteurs de projets et les particuliers, des plateformes internet font office de prestataires de services. La réglementation leur impose des règles à respecter. Certaines proposent des dons d’argent ou des prêts sans intérêts, qui obéissent aux règles de droit ordinaires. Le législateur a créé des statuts spéciaux pour le prêt avec intérêts (statut d’intermédiaire en financement participatif), pour les entrées au capital et les émissions obligataires (statut de conseiller en investissement participatif). Assurez-vous que la plateforme possède le bon statut et qu’elle a déjà réalisé des levées de fonds pour des montants voisins du vôtre. Autre critère : certaines plateformes sont généralistes, d’autres sont spécialisées dans le développement durable ou les énergies renouvelables. Elles auront alors constitué des communautés d’investisseurs plus ou moins larges, plus ou moins intéressées par les renouvelables, plus ou moins localisées géographiquement. Enfin, question cruciale à poser : que se passera-t-il si la somme visée n’est que partiellement atteinte ? Allez-vous tout perdre ?Quel accompagnement ?A priori, la plateforme s’occupe des détails pratiques de la levée de fonds auprès des particuliers. Mais, avant de se lancer, mieux vaut savoir comment elle va accompagner la collecte et, en particulier, comment elle va communiquer. Avant de choisir votre plateforme, demandez-lui à combien s’élèvent ses frais, quand vous devrez les régler et ce qu’ils couvrent. A-t-elle prévu des vidéos et des opérations de terrain ? Les réunions d’information et les inaugurations sont autant d’occasions de convier les parties prenantes. Y compris les élus locaux et ceux pour qui le projet est une vitrine. Dans l’éolien, la réunion de concertation en amont facilite le procédure. Dans le solaire, elle n’est pas indispensable, mais vous pouvez par exemple inviter à l’inauguration d’une centrale photovoltaïque les installateurs des panneaux.Quel engagement ?Le financement participatif présente un intérêt : toucher des centaines d’investisseurs en passant par un interlocuteur unique, puisque la plateforme sert d’intermédiaire. Mais cela ne dispense pas de s’impliquer. Pendant un à trois mois, la dynamique devra être maintenue grâce à des communiqués de presse, du marketing numérique, des événements de terrain… Même si la plateforme s’en charge, le succès du financement participatif repose sur le lien tissé directement entre le porteur du projet et les investisseurs. Se présenter en vidéo, jouer la transparence, transmettre les informations légales : consacrez du temps à votre campagne et, pour la rentabiliser, prévoyez de décliner la procédure sur plusieurs projets. Vous pouvez d’abord vous exercer avec un ou deux projets, mais veillez ensuite à les massifier. Faire appel au financement participatif pour une seule centrale ne présente qu’un intérêt limité.Thomas Blosseville en collaboration avec Alexandre Raguet, président du réseau European Crowdfunding Network (ECN)