Une ancienne zone boisée du plateau de la Chaux, au nord du village gardois d’Aigaliers, dans la vallée de l’Uzège, accueille la plus grande centrale solaire à concentration de France. L'unité a été inaugurée au premier semestre 2016. Elle occupe 22 hectares de terrains communaux.Construite et exploitée par le développeur Urbasolar, la centrale d’une puissance de 10,8 MWc fait appel à deux technologies. D’une part, 28?773 panneaux photovoltaïques. D'autre part, 1?400 modules à concentration qui génèrent un tiers de la puissance totale : des lentilles de Fresnel concentrent 500 fois le rayonnement du soleil et le dirigent jusqu’au centre de cellules solaires.Ces modules à concentration sont répartis sur 468 tables montées sur trackers à déplacement bi-axial, horizontal et vertical, afin d’optimiser la poursuite du soleil. Les panneaux classiques sont quant à eux montés sur trackers à un seul axe. « Le solaire à concentration demande plus de précision, compare Yves Lecornec, directeur de projets chez Urbasolar. Le panneau doit toujours être parfaitement perpendiculaire au rayon du soleil. S’il y a un écart, même minime, il n’y a pas de production. Chaque table est donc dotée d’un capteur. La recherche du soleil se fait en temps réel. »Le solaire à concentration n’aurait pas vu le jour à Aigaliers sans l’appel à projets CRE 1 de 2011. Urbasolar a orienté le dossier vers une candidature dans la sous-famille innovante : « centrales solaires au sol utilisant en totalité ou en partie la technologie du photovoltaïque à concentration, d'une puissance inférieure à 12 MW ». Selon le cahier des charges, cette technologie devait dépasser 30 % de la puissance totale et un facteur de concentration surfacique de 400. Choix gagnant : la centrale Urbasolar d’Aigaliers fut l’un des huit lauréats retenus à l’été 2012. Le permis de construire a été accordé début 2014 et la centrale mise en service en septembre 2015. Elle est contrôlée en temps réel.Urbasolar présente sa centrale gardoise comme une « vitrine de l’industrie solaire française », en soulignant sa collaboration avec des fournisseurs hexagonaux. À commencer par le spécialiste grenoblois de l'électronique Soitec, qui jusqu'en 2015 faisait du photovoltaïque à concentration un axe de diversification. Mais aussi l'entreprise Sillia VL, dont Urbasolar est actionnaire et qui a fabriqué les modules cristallins à Vénissieux. Enfin, le girondin Exosun a fourni les systèmes de trackers solaires. C'est donc une installation 100 % tricolore. Cependant, ce projet de 32 millions d'euros est le seul d’Urbasolar à inclure une dose de concentration. « Sans appel à projets de la commission de régulation de l'énergie, constate Yves Lecornec, un projet de ce type ne peut pas exister. » Mais il peut servir de vitrine pour l'export. Cette technologie nécessite des valeurs élevées de rayonnement direct comme on en trouve dans les régions tropicales.Sylvie Brouillet