Dans les bâtiments neufs, en raison d’une bonne isolation, les besoins en chauffage ont tendance à être faibles. En revanche, les consommations électriques ne diminuent pas forcément. D'après GRDF, une technologie innovante permet de répondre efficacement à ce cas de figure : la pile à combustible au gaz naturel. Pour le démontrer, le gestionnaire du réseau de gaz, associé au fabricant Viessmann et au comité scientifique et technique des industries climatiques (Costic), et soutenu par l’Ademe, a lancé en 2014 le projet Epilog. Il vient de se terminer.Le projet a consisté à suivre les performances de trois piles à combustible au gaz naturel dans la ville de Forbach (57). D’une puissance de 750 W électriques et 20 kW thermiques, elles ont été installées dans trois bâtiments rénovés différents : une maison individuelle, une crèche et un ensemble de deux logements collectifs. « La pile à combustible développée par Viessmann dispose d’un cahier des charges qui lui permet de répondre spécifiquement aux besoins des bâtiments neufs, en produisant beaucoup d’électricité et un peu de chaleur, note Régis Contreau, chef produits Systèmes de production d’électricité décentralisée chez GRDF. Mais elle remplit bien sûr aussi son rôle dans des bâtiments rénovés. »Comment cela fonctionne-t-il ? Lorsqu’un besoin en chauffage se fait sentir, la pile se met en marche : le gaz naturel du réseau est transformé en hydrogène et réagit avec l’oxygène de l’air, produisant de l’électricité et de la chaleur, récupérée par un ballon de stockage de l’énergie. L’ensemble est associé à une chaudière à condensation avec un ballon d’eau chaude sanitaire. « Cette solution présente un avantage : lorsqu’il y a un appel de chauffage, c’est en général parce que l’utilisateur est dans le bâtiment. Il y a donc aussi un besoin d'électricité, souligne Régis Contreau. C’est ainsi que, dans le cadre d’Epilog, nous avons estimé le taux d’autoconsommation de l’électricité à environ 50 %. » Pour le moment, l’électricité en surplus – produite mais non consommée – a été perdue, mais il serait envisageable de l’injecter dans le réseau.« Les performances des piles ont répondu à nos prévisions, avec un rendement électrique de 37 % et un rendement global de 87 à 88 % », chiffre le chef produits de GRDF. Mais pour passer à la commercialisation dans les bâtiments neufs, la technologie devra être reconnue au titre de la réglementation thermique. Les acteurs du projet travaillent pour cela à l’obtention d’un titre V, attendu pour 2017. Dans le même temps, GRDF et ses partenaires ont un dernier chantier à mener : celui de la formation des professionnels. « Il faut suivre une journée d'apprentissage pour la mise en service et le réglage de la pile à combustible, précise Régis Contreau. Viessmann formera donc les installateurs. Nous mettrons quant à nous, via notre site internet et notre hotline Cegibat, des guides et des techniciens à la disposition des professionnels. » La commercialisation pourra alors débuter.Nolwenn Le Jannic