Ses projets auraient pu passer inaperçus. Mais une conférence et un panneau d'information sur son stand ont montré l'intérêt d'Engie pour la blockchain. Cette technologie permet de stocker et d'échanger des informations de pair à pair. Couplée aux énergies renouvelables et au financement participatif, elle laisse entrevoir un modèle énergétique totalement décentralisé. Environnement Magazine a d'ailleurs déjà présenté l'une de ses applications potentielles, le Solarcoin. Encore émergente, la blockchain doit faire ses preuves. Mais une certitude s'impose déjà : la technologie de la blockchain ne laisse pas Engie indifférent.L'énergéticien historique, autrefois appelé GDF Suez, a évoqué deux projets utilisant la blockchain en Espagne, à Barcelone, lors de la « European Utility Week ». Organisé du 15 au 17 novembre, ce salon a réuni les spécialistes du réseau électrique intelligent (smart grid). La filière française en a profité pour afficher ses ambitions. Parmi les projets d'Engie, la blockchain figurait en bonne place.La blockchain ? « Une technologie très prometteuse », selon Philippe Bourguignon, responsable du projet Seas chez Engie Lab. Seas signifie « smart energy aware system ». Ce projet part d'un constat : avec la transition énergétique, il va falloir échanger de nombreuses informations pour optimiser la production décentralisée d'électricité et la modulation de la consommation. Ce constat vaut pour différents types d'énergie, de consommateurs, d'usages et de services. Pour assurer une cohérence d'ensemble, les parties prenantes vont devoir communiquer et se comprendre. Dans le cadre du projet Seas, Engie a développé une plateforme open source. Elle doit permettre de raccorder tous les objets connectés et toutes les données du smart grid. Autrement dit, elle pourrait servir de support de communication entre tous les acteurs des micro-réseaux de demain. Du quartier à la ville intelligente, elle doit permettre l'interopérabilité des solutions.A un détail près : cette intéropérabilité doit être assurée à plusieurs niveaux. D'abord, entre les outils de communication. Ensuite, dans la syntaxe employée pour communiquer. Enfin, dans les concepts se cachant derrière cette syntaxe. Si l'interopérabilité est ainsi assurée, « la technologie blockchain pourrait vraiment changer la donne », estime Philippe Bourguignon. Dans sa présentation à Barcelone, l'expert d'Engie a esquissé un modèle de marchés locaux de l'électricité solaire. Imaginez des usagers acceptant de partager en temps réel leurs données de consommation électrique et de production photovoltaïque. La blockchain permettrait de sécuriser des transactions de pair à pair, entre voisins. Des « micro-traders » pourraient gérés ces transactions.Engie va même plus loin. Interrogé par Environnement Magazine à Barcelone, l'énergéticien n'a pas souhaité en dire plus. Mais son stand a bel et bien dévoilé un autre projet à l'étude. Ce projet associe la blockchain et le financement participatif. Son nom de code : SunGie. Il porte sur une crypto-monnaie, c'est-à-dire une monnaie numérique échangée de pair à pair à l'image du bitcoin. Ce type de monnaie électronique s'appuie sur le principe de la blockchain. Dans l'esprit d'Engie, la production et la consommation d'énergie de plus en plus décentralisées requièrent une approche de pair à pair. Comme indiqué sur son stand sur un panneau d'information : « La blockchain pourrait permettre le financement participatif d'équipements comme des panneaux solaires et des batteries, et la souscription à des services énergétiques ». C'est tout l'objet de SunGie. « Ce projet vise à montrer comment la blockchain et la crypto-monnaie SunGie pourraient fournir de nouveaux modèles d'affaires et un soutien à de nouveaux comportements dans la chaine de valeur énergétique ». Une révolution en perspective ?Thomas Blosseville