Vous connaissiez la route solaire Wattway de Colas? Une PME française suit la même voie que la filiale de Bouygues. Faire porter à la voirie d’autres fonctions que la circulation : tel est le but de Charier à l’heure d’explorer le potentiel de l’énergie solaire. A priori, rien ne prédestinait cette entreprise de Loire-Atlantique spécialisée dans les travaux publics à s’y intéresser. Ses métiers vont du terrassement aux aménagements routiers en passant par la gestion des déchets du BTP, la production de granulats et d’enrobés bitumineux. Pourtant, elle développe aujourd’hui des solutions solaires photovoltaïques et thermiques.Son objectif ? Redorer l’image de la route, selon elle écornée il y a quelques années par le Grenelle de l’environnement, et surtout anticiper la demande des maîtres d’ouvrage. « Avec l’apparition des écoquartiers et des bâtiments à énergie positive, l’enjeu est de déterminer le rôle que la voirie peut jouer dans les nouvelles façons de construire la ville », expose Valéry Ferber, directeur environnement et innovation de Charier.Piézoélectricité, récupération d’énergie thermique ou mécanique… Charier étudiait depuis 2014 la viabilité de plusieurs technologies quand elle a rencontré, début 2016, la société hollandaise Ooms. Celle-ci utilise depuis quinze ans un procédé de récupération d’énergie thermique et, plus récemment, elle a développé une technologie de route photovoltaïque. Les deux entreprises ont noué un partenariat technique et commercial, et les débouchés concrets n’ont pas tardé. Charier vient de remporter en août un contrat pour construire deux kilomètres de voirie à Étampes, dans l’Essonne, avec une piste cyclable dont quelques mètres carrés seront photovoltaïques. Sur des dalles de béton, seront installés, fin 2017, des panneaux solaires protégés par une couche mêlant résine et granulats de verre. L’électricité produite pourrait servir à alimenter l’éclairage public, via des batteries. Ooms bénéficie d’un retour d’expérience de deux ans sur une piste cyclable au nord d’Amsterdam. Résultat : « La production atteint 90 kWh par mètre carré par an avec l’ensoleillement hollandais. En France, nous pouvons espérer produire 20 % de plus. »Deuxième projet, avec le procédé thermique cette fois : Charier projette de refaire le parking d’un camping breton. L’idée est d’intégrer à l’enrobé bitumineux un réseau de tubes pour récupérer la chaleur du soleil… et réchauffer l’eau de la piscine en complément d’une pompe à chaleur.Thomas Blosseville