N’allez pas dire aux élus du Grand Dijon que vendre des certificats d’économies d’énergie s’apparente à la cerise sur le gâteau. Dans les projets industriels en général, et dans ceux qui valorisent la chaleur fatale en particulier, les sommes en jeu comptent plusieurs zéros. Les CEE font clairement partie des plans de financement, à moins de miser déjà sur le Fonds chaleur puisqu’une opération ne peut pas être financée par les deux outils. « Même s’il faut juger au cas par cas, les certificats sont souvent plus intéressants pour raccorder un réseau de chaleur à une unité de valorisation énergétique (UVE) », analyse Thomas Duffes, spécialiste de l’énergie à Amorce.Ce fut le cas à Dijon où l’opération a généré une économie estimée à 1,5 TWh Cumac, soit une valeur de 5,3 millions d’euros sur le marché des CEE. Avec son système de management de l’énergie certifié Iso 50001, la collectivité a pu doubler ses droits à certificats. Mais attention ! Imaginée pour doper la norme, cette bonification n’existe plus. Les CEE ont en outre été vendus avant que leur prix ne s’effondre si bien que l’opération serait beaucoup moins rentable aujourd’hui. Pour autant, des leçons peuvent-elles être tirées de ce projet ?Pour réaliser de telles économies, « nous avons dû jouer sur tous les tableaux », rappelait Jean-Patrick Masson, vice-président du Grand Dijon à l’occasion d’un colloque organisé par Amorce fin octobre. Outre le raccordement de deux réseaux, « le fonctionnement de l’équipement a dû être rationalisé », détaille-t-il. Pour bénéficier de l’appellation officielle « UVE », l’incinérateur a notamment dû améliorer son indice de performance énergétique, ce qui a été possible en posant des compteurs d’énergie sur le circuit de vapeur et sur les principales installations électriques. La production d’air comprimé a par ailleurs été optimisée, ce qui a réduit la consommation électrique de 30 %. Le bâtiment traitant les déchets infectieux a été équipé d’ampoules à leds.Au-delà même de la chaleur, l’incinérateur génère aujourd’hui davantage d’électricité que les consommations réunies du tramway, de l’éclairage public de la communauté urbaine, des parkings publics et du patrimoine public de la collectivité. Et cette remise à plat présente aussi des vertus insoupçonnées. « Nous connaissons mieux notre outil, se félicite l’élu. Nous pouvons mieux le régler et limiter ainsi l’usure des pièces. »Olivier Descamps