Le méthane se collecte désormais à la ferme. Naskeo Environnement a engagé la construction d’une unité de méthanisation à Savigny-sur-Braye, dans la région Centre-Val de Loire. Mais le projet possède une particularité : le biogaz sera épuré sur place et le biométhane liquéfié avant d’être véhiculé jusqu’au réseau.Autonomes à 98%Le projet rassemble 17 exploitations agricoles d’élevage, totalisant 33 associés. « Il a été lancé en 2012 pour répondre à plusieurs de nos réflexions, comme la gestion des effluents et la recherche d’engrais plus vertueux », raconte Delphine Descamps, agricultrice et présidente de la société de projet Méthabraye créée pour l’occasion. Les exploitations concernées se trouvent dans un rayon de onze kilomètres autour de l’unité, qui produira 145 Nm3/h de biogaz à partir de la fin de l’année. « Nous serons à 98 % autonomes en matières grâce à nos effluents et, en complément, à la valorisation de cultures intermédiaires. » Le solde de matières organiques proviendra de déchets végétaux, de marc de pommes ou de raisins.Injection à 17 kilomètresLiquéfié sur site, le biométhane sera transporté par camions jusqu’à un point d’injection dans le réseau de gaz naturel situé à 17 kilomètres de l’installation. Pourquoi l’injection ? « Elle est apparue plus pertinente que la cogénération du point de vue du rendement énergétique, car nous n’aurions pas de possibilité de valoriser la chaleur. Le tarif d’achat pour l’injection venait d’être fixé par le gouvernement et il s’est avéré économiquement intéressant. » L’injection aurait pu être réalisée sur place, la commune de Savigny-sur-Braye étant raccordée au gaz naturel. Mais la consommation locale de gaz n’aurait pas suffi pour absorber la production de l’unité. « Nous aurions été dépendants des besoins insuffisants et fluctuants du principal consommateur local, un abattoir. » Il a donc été décidé d’acheminer le biométhane sous forme liquide jusqu’à un point plus urbanisé du réseau de gaz. Deux trajets en camion par semaine devraient être nécessaires. C’est la société de projet, vraisemblablement par l’intermédiaire d’un prestataire spécialisé, qui s’occupera du transport. L’investissement total est évalué à 6,8 millions d’euros pour un chiffre d’affaires annuel prévisionnel de 1,4 million. Deux postes équivalents temps plein devraient être créés pour le fonctionnement de l’installation.Thomas Blosseville