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ÉNERGIE

Tribune | « Eolien offshore : une opportunité de réindustrialisation à ne pas manquer ! »

PUBLIÉ LE 4 SEPTEMBRE 2023
KEN ILACQUA, RESPONSABLE DES PROJETS ÉOLIENS EN MER CHEZ OCÉOLE / DIRECTEUR OFFSHORE Q ENERGY
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Tribune | « Eolien offshore : une opportunité de réindustrialisation à ne pas manquer ! »
Ken Ilacqua, Responsable des projets éoliens en mer chez Océole / Directeur Offshore Q Energy. Crédit : DR
Dans cette tribune, Ken Ilacqua, Responsable des projets éoliens en mer chez Océole / Directeur Offshore Q Energy, met en lumière l’importance croissante du développement de l’autonomie électrique en France. 

La crise énergétique qui touche l’Europe depuis bientôt deux ans rend toujours plus urgent le développement de l’autonomie électrique française. Remède partiel à l’inflation et levier majeur pour regagner en souveraineté, celle-ci est désormais une priorité géopolitique du gouvernement. Mais, si elle est réalisée dans les bonnes conditions, elle peut également représenter une opportunité unique de réindustrialisation. Pour ne pas laisser passer cette opportunité historique, il est notamment nécessaire de donner à la filière de l’éolien offshore la visibilité requise pour mettre en place les investissements humains et matériels les plus urgents. 

Un réservoir majeur de croissance et d’emploi 

Si le développement de filières énergétiques souveraines est aujourd’hui au cœur de toutes les préoccupations, c’est bien sûr avant tout du fait de l’inflation. Bien qu’elle ait été limitée à 15% pour les particuliers grâce au bouclier tarifaire, la hausse du prix de l’électricité s’élevait en réalité à 99,22% au 1er février 2023. Dans ce contexte, diversifier le mix énergétique français est d’abord une nécessité en matière de pouvoir d’achat. Mais la relocalisation de la production d’électricité, via notamment le développement de la filière éolienne offshore, représente également un réservoir majeur de croissance et d’emploi. Avec ses 3500 kilomètres de côtes et ses conditions climatiques extrêmement favorables, la France représente le deuxième gisement de vent en Europe et le deuxième pays au plus fort potentiel de production éolienne en mer. Or cette filière est particulièrement génératrice d’emplois et en particulier d’emplois qualifiés. 

Une transition industrielle d’ores et déjà bien engagée 

Selon l’Observatoire des énergies en mer, 7 508 personnes étaient employées directement ou indirectement par les entreprises du secteur en 2022. Un chiffre en hausse de 15% par rapport à l’année précédente et qui devrait encore croître dans les années à venir : le pacte éolien en mer, signé en 2020 par l’Etat et des représentants de la filière, prévoit d’atteindre les 20 000 emplois directs ou indirects avant 2035. Cette transition industrielle est donc d’ores et déjà bien engagée sur le territoire et pourrait à terme faire de l’éolien offshore une énergie réellement souveraine. Quatre usines d’éoliennes en mer sont ainsi présentes dans l’hexagone sur les douze que compte l’Europe, et permettent de fabriquer des turbines mais aussi des pales, nacelles, sous-stations et tours, soit l’ensemble des principaux composants d’une éolienne. Une spécialité industrielle qui connaît déjà le succès à l’export : les trois prochaines années de production de l’usine de Saint-Nazaire sont ainsi destinées à un parc éolien anglais. Si beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne la fabrication de flotteurs et la pose de fondations pour lesquels la France ne dispose ni des compétences ni de l’outil industriel nécessaire, le pays bénéficie d’atouts conséquents pour se positionner rapidement. La filière française peut notamment compter sur la présence précieuse de grandes entreprises sous-traitantes capables de monter en compétence et d’offrir des services clé en main. 

Mais un besoin de formation et de visibilité économique  

Pourtant, deux freins majeurs subsistent et pourraient ralentir voire compromettre le développement d’une filière éolienne offshore française : le défaut de formation et le manque de régularité des projets. 

·  Le retard français en matière de formation n’est pas nouveau et concerne des métiers fondamentaux utiles à d’autres filières industrielles historiques. Les postes de soudeurs sont ainsi en sous-effectifs, manquent dans le nucléaire et viendront certainement à manquer en vue de la vague de construction navale militaire. Or, la filière éolienne offshore devra à court terme recruter de nombreux soudeurs aux côtés de techniciens spécialisés qui se font eux aussi extrêmement rares. Il y a donc urgence à augmenter les capacités de formation. Pour le faire, il s’agit bien sûr d’investir dans des programmes de formation dédiés mais aussi de favoriser les options techniques générant les emplois les plus qualifiés et donc les plus attractifs. L’industrie des métiers de la mer s’est progressivement automatisée et outillée pour offrir des métiers à plus faible pénibilité. Les conditions de travail des techniciens éoliens en mer opérant dans des cabines n’ont ainsi que peu à voir avec celles des opérateurs de plateformes pétrolières traditionnelles. Mais certains choix technologiques, comme la préférence pour les flotteurs en acier plutôt que les flotteurs en béton nécessitant une grande quantité de main-d’œuvre peu qualifiée, pourrait encore accentuer cette tendance et rendre ces métiers plus attractifs. 

·  La question de la régularité des volumes de production est tout aussi critique. La restructuration des ports au service de l’éolien offshore nécessite de les faire passer d’une économie de flux à une économie de production extrêmement gourmande en espace. Pour être menés par les ports et les acteurs industriels, ces projets longs et coûteux doivent bénéficier d’un soutien institutionnel tant sur le plan réglementaire que sur le plan opérationnel. Des étapes importantes ont été franchies dans ce domaine notamment avec le vote le 10 mars dernier de la Loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables ainsi qu’avec l’injection de 300 millions d’euros par l’Etat dans le cadre du Plan France Mer 2030. Mais les ordres de grandeur restent insuffisants compte tenu de l’urgence imposée tant par la crise énergétique que par les objectifs climatiques. On estime que l’extension de Port-la-Nouvelle coûtera à elle seule 234 millions d’euros, or la France devra disposer de 4 à 5 ports de ce niveau pour atteindre ses objectifs. Les investissements nécessaires avoisinent donc 1,5 milliard d’euros. 

La filière éolienne offshore pourrait transformer en profondeur l’industrie maritime française et générer plusieurs dizaines de milliers d’emplois tout en offrant une solution écologique au besoin de souveraineté énergétique du pays. Prendre à bras le corps la question de la formation et offrir une vision claire du développement de la filière au cours des prochaines années sont désormais les seules conditions nécessaires pour faire de cette opportunité une réalité. 
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