Le constat est connu : la France dispose du plus grand réseau navigable d’Europe mais le fret n'y est guère à la hauteur. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le transport de marchandises par voie d'eau n'y représente plus que 2,2% en part modale contre 10,3% pour le fer, 84,1% pour la route et 3,4% pour les oléoducs. La comparaison avec nos voisins est peu flatteuse : avec huit milliards de tonnes-kilomètres (t-km) la France transporte huit fois moins de marchandises par voie d'eau que l'Allemagne, six fois moins que les Pays-Bas et s'est fait doubler par la Belgique et la Roumanie. Pire, ce recul s'est accentué selon un bilan dressé en début d'année par Voies navigables de France (VNF).Deux atouts majeursLe transport fluvial dispose pourtant de deux atouts majeurs dont Alain Vidalies a souligné l'importance lors de la présentation du plan. Il permet de développer des modes massifiés, alternatifs, complémentaires à la route et réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Sur la Seine, la Moselle, le Rhin et d'autres axes, son potentiel de développement peut être quasi-immédiat. A quelques conditions près car, si le transport fluvial de marchandises boit la tasse, c'est qu'il est plombé par des lourdeurs, notamment administratives et loin d'être levées. Quelques bouffées d'air sont néanmoins apportées avec, en plus des trafics ayant déjà ses faveurs (céréales et granulats), d'autres à plus forte valeur ajoutée qui se développent : conteneurs, chimie, matières dangereuses, déchets quand il est possible de les massifier, colis lourds soumis sur la voie d'eau à des règles de transport moins draconniennes que sur la route. Autre axe de développement : le transport fluvial de marchandises palettisées. Inexistant hormis sur la Seine, il a de l'avenir à en croire des spécialistes. Un plan en trois axesLe premier axe du nouveau plan vise à accroître le niveau de performance environnementale et économique de l'offre fluviale « en développant l'innovation ». Sur cinq ans, 20 millions d'euros de financements publics vont être mobilisés sur ce volet par VNF, l'Etat, les Régions et la Commission européenne. Deuxième axe, investir dans l'entretien, la modernisation et le développement du réseau fluvial pour « disposer d'une infrastructure plus sûre et performante ». Un nouveau dispositif de gouvernance des ports intérieurs va être créé pour sécuriser le foncier et mieux exploiter leurs atouts. Enfin, troisième axe, ne pas rater les marchés émergents, mettre en place un plan d'aide au report modal pour les chargeurs (20 millions d'euros sur 2018-2022), accompagner les projets à forte valeur ajoutée et orienter la commande publique des collectivités vers ce mode nécessitant des emprises foncières et mobilisable pour répondre au défi de la logistique urbaine.Morgan BoëdecEn savoir plus sur la conférence nationale sur le fret fluvial