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[Tribune] Pour une approche renouvelée et interdisciplinaire du risque environnemental

Par Sophie Bretesché, professeur de sociologie à l’IMT Atlantique et directrice de la chaire régionale RITE (Risques Technologiques Emergents), et Valérie Héquet, professeur en génie des procédés à l’IMT Atlantique, responsable de l’équipe Traitement Eau Air Métrologie au laboratoire GEPEA (Génie des procédés Environnement Agroalimentaire).. Publié le 6 janvier 2020.
[Tribune] Pour une approche renouvelée et interdisciplinaire du risque environnemental
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Cette semaine, Sophie Bretesché et Valérie Héquet, professeurs à l’IMT Atlantique reviennent sur la gestion des risques environnementaux en France. "L’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen n’est-il pas symptomatique de la difficulté qu’ont nos sociétés à faire face à des situations complexes ?​", se demandent-elles. Selon elles, la gestion des risques se doit d’être interdisciplinaire.

Contaminants, substances toxiques, perturbateurs endocriniens, nanoparticules, microplastiques représentent autant de dangers liés aux caractéristiques de nos sociétés contemporaines. S’ils sont devenus des sujets majeurs et quotidiens, ils constituent également des objets scientifiques complexes à étudier et requièrent des pratiques de recherche interdisciplinaires et non plus segmentées.

L’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen n’est-il pas symptomatique de la difficulté qu’ont nos sociétés à faire face à des situations complexes ? Le temps nécessaire à l’évaluation des risques à courts et à longs termes, la perception des acteurs de terrain et la parole des décideurs publics s’entrechoquent plutôt que ne s’entrecroisent, menant à des situations ambiguës et à l’apparition de polémiques. N’est-il pas temps d’envisager le risque environnemental en faisant communiquer les différents contributeurs scientifiques, acteurs de terrain, décideurs ?

Articuler les connaissances pour faire face aux risques émergents

La question des risques dits « émergents » soulève des controverses au sein des communautés scientifiques, du fait de l’apparition de phénomènes nouveaux, parfois inédits, face auxquels les experts émettent des hypothèses et avis créant ou renforçant des clivages épistémologiques. Leur caractéristique première est liée au degré d’incertitude qu’ils comportent et de leur plasticité à de multiples explications : scientifiques, expertes ou profanes. Ces risques émergents sont ceux induits par le développement de l’activité scientifique et industrielle, et qui sont susceptibles de provoquer, à terme, des effets néfastes sur l’environnement et la santé des personnes. Ces risques sont associés à des technologies, produits ou services pour lesquels la prévision des effets reste incertaine et seulement vérifiable à long terme. Les limites des savoirs reviennent en force au sein de la communauté scientifique elle-même : les mesures des dangers restent compréhensibles et maîtrisables pour des faits connus, mais le calcul des risques reste entaché d’incertitudes et d’imprévisibilité. Qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique, la compréhension des risques environnementaux invite néanmoins à appréhender conjointement des éléments de mesure (du danger, de l’aléa), le degré de vulnérabilité d’un milieu et d’une société vis-à-vis de ces menaces.

La science du risque à la croisée des savoirs

Si la notion de risque est une notion transversale à la plupart des disciplines scientifiques, l’interdisciplinarité (OCDE, 1972) n’est jamais aisée notamment lorsqu’elle repose sur la mise en commun des acquis des sciences physiques, de la chimie, biologie et les sciences de l’homme et de la société. A priori, le rapprochement de ces deux pôles n’est pas en soi automatique ni naturel. Les psychologues, sociologues ou historiens se réfèrent généralement à des théories « constructivistes » qui s’appuient sur les représentations sociales, les perceptions ou les relations entre acteurs sociaux. Les physiciens, géologues ou épidémiologistes vont adopter un point de vue « objectiviste » en partant du postulat que le risque peut être quantifié à l’aide d’indicateurs construits à cet effet. La « science du risque » est donc au cœur d’un double antagonisme : épistémologique sur le postulat adopté au départ de la démarche scientifique et méthodologique en fonction du type d’approche privilégiée (qualitative ou quantitative).

Pour autant, les enjeux associés aux risques environnementaux rappellent la nécessité d’une approche interdisciplinaire. Le recours à la notion de risque environnemental conduit à couvrir une variété de problèmes caractérisés par la rencontre entre la sphère environnementale et la sphère des activités humaines. Par exemple, le risque associé à la qualité de l’air intérieur rencontre à la fois des questions de mesures, d’usage et de politiques publiques. De fait, les enjeux environnementaux invitent à renouveler les analyses par disciplines car ils se caractérisent par leur caractère systémique, la présence d’incertitudes et la prégnance du long terme.

Développer l’art des interfaces

Les recherches sur l’environnement ont conduit les disciplines à aborder les objets qui leur étaient spécifiques, sous un angle nouveau, enrichi par les connaissances, méthodes et savoir-faire des autres disciplines. Néanmoins, cette démarche comporte un certain nombre de contraintes. La première repose sur l’intégration de connaissances et des traditions disciplinaires dans une démarche scientifique. Ce processus requiert de s’appuyer sur des pratiques fondées sur l’art des interfaces entre corpus disciplinaires et de fait, plusieurs formes de caractérisations du risque peuvent entrer en conflit. Par exemple, les approches intégratrices fondées sur la modélisation nécessitent de part et d’autres des disciplines de réduire voir simplifier le spectre d’analyse. La seconde contrainte repose sur les échantillonnages et les échelles de temps. Dans le cas des contraintes environnementales, les phénomènes d’accumulation, de transfert, les effets cocktails (que l’on rencontre par exemple sur la question de l’air intérieur) ou les effets synergiques des contaminants seront potentiellement différents en fonction de l’objet d’étude et de son périmètre. Enfin, se joue dans la question de l’évaluation des risques la hiérarchisation tacite des savoirs. Le terme d’« acceptabilité » souvent mobilisé dans les appels à projet pose d’emblée la variable sociétale comme une notion ad hoc distincte des autres savoirs. Dans le cas de la pollution des sols, le travail des historiens ou des sociologues s’avère essentiel pour appréhender les changements d’usage observés dans le temps mais cette dimension s’avère souvent mise en périphérie des autres disciplines. Si l’interrogation sur l’interdisciplinarité porte souvent sur « la combinaison des savoirs » pour répondre à un enjeu commun, les pratiques sont souvent le parent pauvre du questionnement.
Valérie Héquet, professeur en génie des procédés à l’IMT Atlantique, responsable de l’équipe Traitement Eau Air Métrologie au laboratoire GEPEA (Génie des procédés Environnement Agroalimentaire) et Sophie Bretesché, professeur de sociologie à l’IMT Atlantique et directrice de la chaire régionale RITE (Risques Technologiques Emergents).
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