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POLITIQUES

Tribune | « Pourquoi l’impact "développement durable" doit devenir le référentiel principal de l’évaluation des projets d’entreprise »

PUBLIÉ LE 1er SEPTEMBRE 2022
KEREN DERONT, EXPERTE DE LA GESTION DE PROJET CHEZ PROJECT MANAGEMENT INSTITUTE
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Tribune | « Pourquoi l’impact  développement durable  doit devenir le référentiel principal  de l’évaluation des projets d’entreprise »
Keren Deront, experte de la gestion de projet chez Project Management Institute. Crédit : DR
Pauvreté, paix, climat...les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) défient les leaders dans leur capacité à conduire un  changement n’omettant aucun des impacts potentiels sur la société. Pour Keren Deront, experte de la gestion de projet chez Project Management Institute, la prise en compte des indicateurs de développement durable dans l’évaluation d’un projet d’entreprise doit être largement renforcée.

Lorsqu’ils conçoivent un projet à impact, les leaders négligent bien souvent l’ensemble de ses  répercussions. Focalisés sur leur objectif, convaincus du bienfondé de leur initiative, ces derniers méconnaissent parfois certaines conséquences négatives. C’est la raison pour laquelle, en matière de  gestion de l’outil numérique, de plus en plus d’acteurs prennent en compte les différents aspects de la vie des systèmes d’information.

Concrètement, plutôt que de se concentrer uniquement sur leur  impact direct, elles considèrent d’autres dimensions telles que l’influence sur l’environnement, sur la  santé, mais aussi l’éducation. Pourtant, ce constat n’est pas encore suffisamment partagé ou même  compris par les organisations. Une solution pour éviter cet écueil : d’abord, prendre conscience de ce  risque ; ensuite, s’entourer d’équipes complémentaires qui partagent la même vision et font preuve d’agilité sur le terrain. 

Penser au-delà de son seul objectif ! 

Nous vivons dans un monde de plus en plus interconnecté, où la moindre action peut entraîner des  répercussions inattendues. Dans ce contexte, les leaders ont la responsabilité de penser leurs projets  au-delà du seul objectif qu’ils se sont fixés. En effet, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ainsi, les  projets les plus vertueux peuvent parfois être à l’origine d’impacts néfastes sur la société et, une fois  lancés, il est difficile de les arrêter. 

Prenons le célèbre exemple de la philosophe Philippa Foot : si l’on se trouve dans un tramway dont on  ne peut pas freiner la course. La seule option : dévier ou non sa trajectoire au passage d’un  embranchement. Sur l’une des voies se trouvent cinq personnes, sur l’autre voie, deux personnes. Qui décidons-nous de sacrifier ? 

Les leaders font face au même dilemme dans leurs projets. Les programmes d’éducation dans les pays  en développement, par exemple, mobilisent des enseignants venant de l’étranger. Entre l’éducation  des jeunes générations et la protection de l’environnement, menacés par ces déplacements, que devra  sacrifier le leader ? Le développement de la microfinance en Inde illustre encore mieux les effets  pervers que peuvent entraîner les projets les plus vertueux. Les micro-crédits sont initialement  destinés aux femmes aux conditions modestes, afin d’encourager leur émancipation par l’accès aux  soins, à la mobilité et à l’entrepreneuriat. Pourtant, de nombreuses études ont constaté l’échec d’une  partie de ces programmes : exacerbation des violences intraconjugales, renforcement de la  domination patriarcale via les agents de crédit, enfermement des femmes dans des secteurs peu  productifs, etc. Convaincus du bien-fondé de leur objectif initial, les porteurs de projet ont négligé  l’étendue des obstacles qu’ils croiseraient sur la voie de la réussite.

S’ils ne veulent pas se retrouver face à ce type de dilemme, il est impératif que les leaders, investis  pour le bien commun, trouvent un équilibre entre les causes qui les inspirent et l’étendu des enjeux  induits par le contexte dans lequel ils évoluent. 

La co-construction, comme démarche indispensable à un développement durable 

Pour éviter d’emprunter une voie qui négligerait l’un des enjeux englobés dans l’appellation « développement durable », les leaders doivent pouvoir compter sur une communauté de talents, à la  fois engagée et diversifiée. L’inclusivité des équipes est en effet essentielle afin d’être en mesure  d’anticiper le moindre impact sur l’ensemble des indicateurs du développement durable. L’enjeu est  pour les leaders d’entamer une démarche de co-construction sans la moindre concession à l’imprévu. 

Dans ce cadre, il est nécessaire de partager une grammaire commune. Un défi pour des équipes  hétérogènes. L’idée est donc de se ranger derrière une vision commune pour maintenir le lien avec les  acteurs de terrain. Ce sont eux qui donnent vie aux projets, et qui sont en mesure de constater les  progrès et obstacles qu’ils rencontrent. Une gageure, quand on sait que 70% des entreprises ayant  intégré un ou plusieurs ODD dans leur feuille de route n’ont pas cru bon de transformer leur modèle  d’affaire en conséquence !  

L’évolution du modèle d’affaire constitue donc un élément essentiel pour créer de la cohésion au sein  des équipes et dépasser la barrière de la langue et du jargon. C’est tout l’objet du Wicked Problem  Solving, conceptualisé par Tom Wujec. Cette technique de réflexion permet de répondre à des  problèmes complexes pour lesquels il n’existe pas de solutions binaires. Pour faire face à la complexité  de ces problèmes, il est nécessaire de : 
 
1. valoriser le questionnement, afin d’assurer la pertinence des réponses apportées ;
2. visualiser les idées suggérées (par des dessins, graphiques, etc.) afin d’éviter l’ambiguïté  inhérente au langage ; 
3. se focaliser sur des actions orientées vers les solutions, l’innovation et la concrétisation des  idées. 
 
Ce n’est qu’ainsi que les leaders auront la capacité de porter une vision engagée et ambitieuse, tout  en n’omettant aucun des dix-sept Objectifs de Développement Durable qui, tous autant qu’ils sont,  contribuent à forger un avenir meilleur et plus durable pour tous.
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