Gaz et nucléaire intègrent la taxonomie européenne à titre d’énergies « transitoires ». Une décision qui a motivé une levée de boucliers des ONG environnementales dont Greenpeace qui dénonce une logique de greenwashing. Contestant l’inclusion de « ces deux énergies polluantes dans la taxonomie en janvier dernier, ainsi que l’échec du Parlement européen à y mettre son véto lors d’un vote en juillet », l’association a décidé de porter le dossier devant la Commission européenne pour sa révision.
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« L’Union européenne a saboté un outil financier »
Pour Greenpeace, cette inclusion dans la taxonomie « contrevient aux critères définis de la taxonomie, à la loi européenne sur le climat et aux obligations de l’UE au titre de l’accord de Paris de 2015 ». Le gaz fossile est « loin d’être une énergie de transition », l’énergie nucléaire « est quant à elle complètement anachronique et inadaptée pour faire émerger une société soutenable et en paix. La construction laborieuse, coûteuse et très longue des réacteurs nucléaires (entre 10 et 19 ans voire plus) invalident cette technologie face à l’urgence climatique », commente l’ONG.
De ce fait, l’association a déposé le 08 septembre une demande officielle de révision devant la Commission européenne dans laquelle elle rappelle que cette décision a été prise en dépit d’une forte mobilisation de la société civile contre l’inclusion du gaz fossile et du nucléaire dans la taxonomie européenne, et alors que plusieurs climatologues, des institutions financières ou des associations avaient pris position contre. « En incluant le gaz fossile et le nucléaire dans la taxonomie européenne, l’Union européenne a saboté un outil financier qui aurait pu contribuer à accélérer la transition énergétique. Elle s’est décrédibilisée en cédant à la pression de lobbies et d’États, notamment la France et la Russie, qui ont défendu leurs intérêts politiques et industriels au détriment de l’intérêt général. […] La Commission européenne a une responsabilité forte dont elle va devoir répondre devant les tribunaux », avance Pauline Boyer, chargée de campagne transition énergétique à Greenpeace France.
La Commission européenne a jusqu’au mois de février pour examiner les arguments de Greenpeace et d’y apporter une réponse. L’association environnementale espère que l’institution européenne se joindra à sa cause afin de retirer l’acte délégué complémentaire qui inclut le gaz fossile et le nucléaire dans la taxonomie. Dans le cas contraire, Greenpeace annonce porter l’affaire devant la Cour de justice européenne.