50 millions de tonnes supplémentaires de méthane (CH4) ont été émises entre la période 2000-2006 et l’année 2017 au niveau mondial. Ce qui représente une augmentation de 9%, nous apprend le rapport du Global Carbon Project, piloté par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CEA-CNRS-Université Paris-Saclay) et soutenu par la Fondation BNP Paribas. « Les émissions anthropiques semblent être responsables majoritairement de cette augmentation, avec une répartition équitable entre le secteur des énergies fossiles et le secteur de l’agriculture et des déchets », souligne l’étude publiée dans les revues Environmental Research Letters et Earth System Data.
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Les activités humaines principales responsables
60% de ces émissions seraient liés aux activités humaines. Une valeur qui reste néanmoins approximative « car les contributions des sources naturelles (zones inondées, lacs, réservoirs, termites, géologiques, hydrates, etc.) sont encore assez mal contraintes », précise le rapport. Sur le total des émissions anthropiques, les émissions des activités liées à l’agriculture et aux traitements des déchets représentent 60%. : 30% pour la gestion des troupeaux, 22% pour l’exploitation du pétrole et du gaz, 18% pour la gestion des déchets solides et liquides, 11% pour l’extraction du charbon, 8% pour la culture du riz, 8% pour les feux de biomasse et de biofuel. Les reste est lié au transport et à l’industrie. « Les régions tropicales (<30°N) émettent 64 % des émissions totales de méthane, alors que les moyennes latitudes (30°N-60°N) en émettent 32 % et les hautes latitudes nord (> 60°N) seulement 4 % », est-il détaillé.
Si les émissions sont en croissance en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord, elles baissent cependant en Europe : entre - 4 et - 2 millions de tonnes ont été émises. « Cette décroissance est liée majoritairement au secteur agricole et à la gestion des déchets », souligne le rapport.
Une concentration en croissance constante
Le Global Carbon Project précise par ailleurs que « les concentrations de méthane dans l’atmosphère augmentent actuellement avec un taux de l’ordre de 8-12 partie par milliard (ppb)/an depuis 2014, aussi rapidement que dans les années 1980 ». En 2017 et 2018, « les taux de croissance de méthane dans l’atmosphère sont estimés à 8,5 et 10,7 ppb/an, ce qui les situe parmi les plus forts depuis 2000 », est-il ajouté.
« Il est impératif de continuer les efforts de quantification du bilan mondial du méthane, avec des mises à jour régulières comme pour le dioxyde de carbone car la diminution des émissions de méthane peut être rapidement bénéfique pour le climat. Si on veut rester sous la barre des 2°C, et répondre à l’Accord de Paris, il ne faut pas se contenter de limiter les émissions de dioxyde de carbone, il faut les réduire ainsi que celles de méthane », martèle Marielle Saunois.