La Société chambérienne de distribution de chaleur (SCDC, filiale d'Elyo) a bien l'intention d'être exemplaire. Et elle le prouve par un programme ambitieux visant à réduire fortement à la fois sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et ses émissions de gaz à effet de serre. Depuis octobre 2005, le réseau de chauffage urbain, qui alimente déjà 60 % de l'agglomération, dessert un nouveau client, le fabricant de pâtes Alpina Savoie, qui a pu mettre à l'arrêt ses deux chaufferies brûlant des combustibles traditionnels. Le relais pris par la SCDC pourrait paraître anecdotique puisque le réseau recourt encore lui-même aux énergies fossiles. Ce premier raccordement industriel est pourtant primordial car il est le premier maillon d'un schéma global d'investissements dans des ressources combustibles renouvelables. Premier gisement : l'usine d'incinération. Un investissement de 1,5 M%26euro; est programmé en 2007 pour en récupérer la vapeur (15 MW). « Le projet d'Alpina (1,3 M%26euro;) prendra alors toute sa dimension. L'UIOM n'aurait pas pu prendre le risque d'investir directement avec un industriel », explique Maurice Le Deun, directeur de la SCDC. Le raccordement à l'UIOM permettra d'éviter le rejet de 23 000 tonnes de CO2. Et Alpina Savoie se révèle un bon client car il a besoin de chaleur toute l'année.
Bois, son et huiles végétales
Les projets de Maurice Le Deun ne s'arrêtent pas là. « Nous avons déjà investi cette année dans une nouvelle turbine de cogénération plus efficace au plan énergétique et moins polluante, mais nous comptons surtout poursuivre la diversification de nos approvisionnements. » Ainsi, un investissement de 7 M%26euro; est programmé sur 2007 pour deux chaudières à biomasse de 5 MW chacune. Elles devraient avaler 17 000 à 18 000 tonnes de combustible par an, contribuant à amorcer une filière régionale d'approvisionnement en bois qui servirait d'autres projets plus modestes. Une partie de cette biomasse pourrait d'ailleurs être fournie par Alpina Savoie, producteur de déchets de son. À terme, 10 000 tonnes seraient ainsi valorisées localement. Quel que soit le combustible, ces deux nouvelles chaufferies représenteront une économie supplémentaire de 13 000 tonnes de CO2. « Avec le raccordement à l'UIOM, cela représente donc 37 000 tonnes d'émissions de CO2 évitées, soit la moitié de nos rejets actuels », souligne Maurice Le Deun. L'objectif est clair : supprimer au moins l'une des deux chaudières traditionnelles. Même pour celle qui restera, des réflexions sont en cours. La SCDC a ainsi été contactée pour valoriser thermiquement des huiles végétales usagées.
Bien qu'en délégation de service public, la SCDC n'a pas mené seule les réflexions sur cette stratégie. C'est en parfaite concertation avec la collectivité locale qu'ont été décidés certains investissements. Ainsi le raccordement d'Alpina Savoie et le tarif proposé ont fait l'objet d'un accord formel. « L'amortissement devait être suffisamment long pour proposer un tarif attractif à l'industriel. Celui-ci allant au-delà du contrat de délégation de service public, Chambéry Métropole s'est engagée à reprendre l'amortissement », explique Maurice Le Deun. Chambéry était cependant partante, les projets de la SCDC s'inscrivant parfaitement dans les objectifs de son Agenda 21 finalisé début 2006. Ainsi, sur le plan des rejets, la SCDC contribuera avec ses 37 000 t de CO2 évitées à 40 % des objectifs de la collectivité en matière de réduction des gaz à effet de serre.