Dotée d’une usine d’incinération trentenaire, déficiente et onéreuse, elle a choisi de s’offrir une nouvelle unité de valorisation high-tech, de plus grande capacité : 100 000 tonnes par an, contre 70 000 tonnes pour le site actuel. Coût de l’opération : 128 millions d’euros. Sans rapport direct avec la croissance démographique de l’île (stable à 100 000 habitants), ce surdimensionnement exprime surtout le souhait de devenir le valorisateur des déchets de sa voisine Guernesey. L’abandon du projet d’incinérateur sur cette île étant considéré aujourd’hui comme un secret de polichinelle. Pour construire son usine, le Parlement de Jersey a choisi le regroupement CNIM - Spie Batignolles Camerons (associant le français Spie Batignolles TPCI et l’anglo-normand Camerons Ltd), à l’issue d’un appel d’offres européen. Commencé en février 2009, le chantier sera livré en mai 2011. Une fois opérationnelle, l’usine pourra également produire de l’électricité et couvrir jusqu’à 10 % des besoins de l’île, soit environ 8000 foyers. Pour ce faire, la centrale partagera une cheminée commune avec la société d’électricité de Jersey, située à quelques dizaine de mètres. Le site bénéficiera de deux lignes d’incinération de 7,5 t/h chacune. Située en bordure de mer sur le site de « La Colette », à proximité d’une zone sensible classée RAMSAR*, la centrale est soumise à de fortes contraintes environnementales et de sécurité (rejets d’eau, émissions des fumées, nuisances visuelles et sonores). Ainsi, les mâchefers issus du traitement (estimés à 7 % du volume des déchets brûlés) seront triés et recyclés dans des matériaux de construction et les sous-couches routières. Autre projet, l’installation au pied de l’usine, d’un centre de tri des encombrants pour recycler certains matériaux, comme les métaux, les plastiques, le verre et le papier. La fraction restante sera broyée sur place avant d’être brûlée. Pour le connétable ??, l’implantation d’un nouvel incinérateur ne doit pas empêcher la poursuite des efforts vers plus de recyclage. Malgré les coûts de collecte et de fret élevés, l’île souhaite rapidement passer de 31 % à 36 % de recyclage. En parallèle, l’île développe le compostage des déchets verts. Basé également sur La Colette, le site traite environ 15 000 t/an de matière, accessible gratuitement aux agriculteurs et aux particuliers. * Traité international signé en 1971, visant à protéger les zones humides reconnues pour leur importance écologique.CM