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Les friches, enjeu de renouvellement urbain

LA RÉDACTION, LE 1er JUIN 2010
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Construire la ville sur la ville. Si l'idée n'est pas nouvelle, elle dessine la tendance actuelle. De tout temps, les villes se sont reconstruites sur elles-mêmes. Pour preuve, les sites archéologiques, témoins des occupations successives. Mais avec la hausse des prix du foncier notamment, les villes ont aussi commencé à s'étendre. « Le mouvement ne semble pas en train de décroître » selon Luc Vasselin, directeur général adjoint de l'Établissement public foncier ( EPF) des Yvelines, qui rappelle que « l'artificialisation moyenne annuelle des sols a été estimée à 62 000 hectares ». Or l'étalement urbain a un coût pour l'environnement, la collectivité et sa population. Certaines collectivités l'ont bien compris et tendent à sortir de cette logique. Le recyclage des friches urbaines est l'occasion de récupérer du foncier en ville pour la densifier - construire plus haut, augmenter et diversifier l'offre de logement - et d'assurer le renouvellement urbain. Si aucun recensement exhaustif de ce réservoir foncier n'existe, Frédéric Ogé, chercheur au Laboratoire de géographie Prodig, considère que « les friches urbaines représentent aujourd'hui au moins 5 % de l'espace urbain ». Industrielles, militaires, commerciales ou religieuses, ces friches se retrouvent au coeur des projets urbains. Mais concrètement, réaffecter ces sites délaissés à d'autres activités n'est pas sans difficulté. C'est la loi Bachelot, du 30 juillet 2003, qui introduit la nécessité de faciliter la reconversion des sites industriels. « Selon le code de l'environnement, lorsque l'exploitant d'une installation classée soumise à autorisation cesse son activité, il doit remettre en état le site pour un usage futur », rappelle Claire Delalande, en charge de la thématique friches urbaines, à la direction villes et territoires durables de l'Ademe. « Si la collectivité a déjà réfléchi à un aménagement sur cet espace et si le plan local d'urbanisme (PLU) lui est opposable, l'exploitant dépollue pour l'usage prévu. Dans le cas contraire, la situation conduit souvent à ce que l'exploitant et la collectivité, ou l'aménageur, négocient le partage du coût de la dépollution », poursuit-elle. Si la collectivité n'a pas de projet pour ce site, ou si l'installation est simplement soumise à déclaration, l'exploitant remet en état pour un usage industriel équivalent à la dernière période d'exploitation. Mais pour les terrains pollués qui n'ont jamais été classés au titre du code de l'environnement, seules s'appliquent les recommandations de la circulaire du 8 février 2007 relative aux modalités de gestion et de réaménagement des sites pollués qui permet de sécuriser la remise en état d'un site. « Elle instaure la négociation entre toutes les parties et permet de définir un projet urbain en fonction de la dépollution à réaliser et vice versa », souligne Claire Delalande. Afin de diffuser ces outils à tous les acteurs de l'aménagement, opérateurs publics ou privés, promoteurs, susceptibles de reprendre un site pollué, le ministère de l'Écologie et l'Ademe ont copiloté la rédaction du guide Pollution des sols et aménagement urbain. Avant tout, « le détenteur du foncier doit anticiper les contraintes et les aptitudes de son territoire », introduit Dominique Rambaud, directeur métier sites et sols pollués au sein du bureau d'études Antea. « Idéalement, l'état des sols doit être indiqué dans le PLU, sans trop verrouiller les usages en conséquence », précise Claire Delalande. Même s'il arrive aussi que le verrouillage du PLU puisse servir les intérêts de la collectivité. C'est le cas pour la friche des usines Wattelez, sur la commune du Palais-sur-Vienne (Haute-Vienne). « Personne, ni les usines encore propriétaires des terrains, ni la société locataire, ne veut assumer la propriété de la dizaine de tonnes de pneus, non réutilisables, présents sur le site », raconte Marion Chirita, responsable du service aménagement de la commune. « Afin que l'ancien exploitant ne trouve pas d'acheteur trop rapidement et gagne un peu de temps, nous avons classé cette friche en zone de loisirs », explique-t-elle. En pratique, lorsque le marché est porteur, la friche intéresse des investisseurs privés. Sa mutation s'opère seule et même la pollution devient un épiphénomène. « Après négociation, les coûts de dépollution sont alors généralement pris en compte par celui qui bénéficie de la plus-value foncière due au changement d'usage », explique Pierre Clottes, référent sols pollués sur le territoire du Grand Lyon. Mais lorsque la pression foncière est insuffisante, la pollution freine réellement l'aménagement. Citons, par exemple, le projet de requalification de la zone du centre, une friche industrielle de 18 ha, sur la commune de Decazeville (Aveyron). Pour Gérard Renaud, de la Cogemip, l'assistant maîtrise d'ouvrage sur ce projet, « c'est une situation atypique : un territoire pas très dynamique, à l'histoire industrielle minière et sidérurgique ancienne et dont la mémoire a été quelque peu perdue ». Réintégrer cette friche dans la ville, en y faisant revenir des PME et artisans locaux notamment, est l'objectif de la communauté de communes du bassin Decazeville Aubin. Dans le cadre du Plan de relance, pour les travaux de dépollution, l'Ademe a donné « le coup de pouce qui a permis de débloquer des crédits », résume Jean-Marie Maurel, directeur général des services de la communauté de communes. Globalement, en 2009, l'Agence a ainsi soutenu « 60 millions d'euros de travaux de dépollution, sur lesquels elle a apporté 20 millions. Et 10 millions nous ont été alloués cette année, pour des opérations similaires », précise Claire Delalande. À Decazeville, la collectivité s'est entourée d'une assistance à maîtrise d'ouvrage, avec la Cogemip, une société d'économie mixte (SEM), « car la zone du centre est un projet qui mobilise un budget important, d'environ 10 millions d'euros, et complexe sur le plan technique », explique Jean-Marie Maurel. La collectivité peut aussi aller jusqu'à déléguer sa maîtrise d'ouvrage à une SEM, qui est alors responsable de la gestion de l'opération d'aménagement. C'est le cas à Grenoble, sur la ZAC Bouchayer-Viallet, où la SEM Innovia assure la maîtrise d'ouvrage des travaux des espaces publics. Elle identifie des investisseurs, se charge de la vente des terrains et coordonne les chantiers. « Sur Grenoble, la totalité de la surface est bâtie, observe Franck Izoard, directeur de projet à la SEM Innovia. Gérer la mutation des friches est par conséquent une obligation. » Cette ZAC, ancien site de fabrication de conduites forcées, doit accueillir des activités économiques, quelque 600 logements, une école d'escalade, des parcs. Pour Cédric Tel-Boïma, directeur projets urbains à la ville de Grenoble, l'intérêt d'une SEM réside « dans sa réactivité et sa puissance opérationnelle ». Dans le cadre d'une concession d'aménagement, Innovia est également aménageur du site. Lille métropole communauté urbaine ( LMCU) a confié de son côté l'aménagement de la ZAC de l'Union à la SEM Ville renouvelée. « Cette friche industrielle de 80 hectares, au carrefour entre Roubaix, Tourcoing et Wattrelos, constitue une véritable opportunité foncière pour la collectivité, qui ne dispose quasiment plus de foncier hors friches », souligne Agnès Crucé, de la SEM Ville renouvelée. Elle note que sur une telle friche, loin d'être unique et directe, « la méthode de conduite du projet est assez itérative. Dans un premier temps, l'étude historique donne une idée très globale du type de pollution et de sa répartition, en fonction de quoi sont émises des hypothèses d'usage du sol », raconte-t-elle. « S'ensuit une esquisse du projet d'aménagement. Puis, une campagne de sondages, calibrée à partir de ces hypothèses, permet de vérifier la compatibilité du terrain avec l'usage prévu. Et nous précisons le projet au vu de ce diagnostic. » Ce dialogue entre adaptation des usages à l'état du sol et du sol aux usages guide l'aménageur dans sa réflexion à l'échelle globale du site, puis au cas par cas, îlot par îlot. À noter que LMCU, en amont de l'aménagement, a fait appel à l'EPF du Nord-Pas-de-Calais, pour porter les terrains et les préparer (lire encadré p. 30). « Nous réalisons actuellement le désamiantage et la déconstruction de certains bâtiments de la brasserie Terken, dont l'activité a cessé récemment », précise Marc Kaszynski, directeur de l'EPF. Quelle que soit l'équipe dont s'entoure la collectivité, elle doit intégrer la pollution, très en amont et tout au long du projet urbain, « afin qu'elle devienne une contrainte, à considérer au même titre que l'accessibilité ou les bâtiments », éclaire Benoît Maréchal, directeur d'unité au bureau d'études BG Ingénieurs conseils. Logiquement, les travaux de dépollution sont envisagés selon le bilan entre la compatibilité de l'usage avec l'état du sol et le coût du traitement permettant d'atteindre cette compatibilité. « Si, techniquement, il existe toujours une solution pour traiter la pollution, certains procédés, in situ ou sur site notamment, nécessitent d'avoir du temps », souligne Robert Carreras, gérant du bureau d'études Tesora. Et seul le démarrage des travaux de dépollution dès le début du projet assure une certaine adéquation de la durée de la dépollution et de l'aménagement. Au-delà du choix d'un traitement, se pose aussi la question de la gestion des terres. « Les terres polluées excavées sont généralement considérées comme des déchets, qu'elles soient faiblement non inertes, faiblement polluées ou même dépolluées après traitement », observe Thierry Blondel, président fondateur de l'Union des consultants et ingénieurs de l'environnement ( Ucie). Sur une emprise foncière importante, de type ZAC, leur valorisation sur site évite le transport et l'élimination en installations de stockage des déchets. Selon leur teneur en polluants, les terres peuvent, par exemple, être réutilisées dans l'aménagement paysager, pour constituer des buttes, combler des fossés ou encore, comme à Decazeville, consolider l'ancien mur porteur des hauts-fourneaux, qui devient une promenade. « Cette réorganisation des terres sur site, pensée à l'échelle de la friche, permet également une gestion du risque en fonction de l'usage », assure Claude Cédou, directeur adjoint au développement de la société Brézillon. Par ailleurs, l'existant végétal peut aussi être exploité dans le projet, comme le montre le projet de la ZAC du plateau de Haye, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). « La forêt, qui a repris possession des lieux depuis l'abandon de cet espace, a inspiré l'idée d'un quartier mêlant habitat et jardin botanique forestier. L'état des lieux constitue la ressource du projet », éclaire Pierre Amiot, chef de projet au Bureau Alexandre Chemettof, maîtrise d'oeuvre sur le site. La collectivité mise sur l'aménagement de cette ZAC pour réintégrer dans la ville un quartier qui, peu à peu, a été déconnecté du coeur de l'agglomération. Parallèlement à ces considérations techniques, Cécile Dublanche, directrice de Villes au carré, centre de ressources sur la politique de la ville des régions Centre et Poitou-Charentes, note que « toutes les actions qui rendront le projet concret sont utiles ». Car une friche urbaine n'est pas isolée. Elle appartient à un environnement, souvent habité. Suivant cette idée, LMCU a mobilisé très tôt la population autour du projet de redynamisation du quartier de Lille Sud. Sa campagne de communication « Lille Sud, quartier de la mode » trouve sa source dans l'histoire industrielle textile régionale et s'appuie sur la présence de l'École supérieure des arts et techniques de la mode à Roubaix. À l'autre bout de la France, la ville de Montpellier enrichit son projet d'aménagement pour le site de l'École d'application de l'infanterie, au travers d'un appel à idées. « Ces terrains constituent une belle opportunité de renouvellement urbain et offrent la possibilité d'un parc, en plein centre-ville », précise Yannick Tondut, directeur général délégué des services de la ville, en charge du développement. À noter enfin, qu'une observation des modes d'occupation temporaire d'une friche urbaine peut aussi venir étoffer la boîte à idées.


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