Sur Pilote 600 000 tonnes de textiles d'habillement, Sur le marché linge de maison et chaussures (TLC) à recycler en France chaque année, seuls 25 % sont collectés. « L'objectif est de doubler les volumes de collecte d'ici à 2019 et d'en valoriser au moins 90 % », annonce Alain Claudot, directeur général de l'é co-organisme Eco-TLC . Trouver de nouveaux débouchés, lever les verrous techniques et économiques, proposer des solutions viables de recyclage, tels sont les principaux objectifs de la Vallée du recyclage textile, qui a organisé un colloque sur le sujet, début février, à Tourcoing (59). Les textiles sont principalement recyclés en chiffon d'essuyage ou en feutre, transformés en panneaux d'isolation, comme le Metisse développé par Le Relais. Mais pour valoriser au mieux chaque textile, il faut un tri efficace. Or comment reconnaître à l'œil la composition d'un pull ou d'un pantalon ? Des solutions pourraient venir prochainement. L'entreprise belge Imec travaille sur une caméra hyperspectrale qui identifie instantanément les différentes fibres textiles dans un vêtement, ainsi que leur couleur grâce à sa longueur d'onde spécifique, entre 600 et 1 000 nm. « Avec notre projet Textile 4 textile, nous proposons une autre technologie, le proche infrarouge, pour automatiser le tri en identifiant instantanément la qualité des fibres et le coloris », détaille Peter Bos, directeur général de la société Texperium basée aux Pays-Bas. Ainsi, le 100 % coton sera séparé du 100 % polyester ou d'un textile multifibre. Validé sur pilote, ce projet entre dans sa phase opérationnelle cette année. Après le tri, il faut se débarrasser des éléments non textiles. La technologie Wear-2, basée sur les micro-ondes, semble prometteuse : tous les fils de couture sont dégradés en quelques secondes pour retirer poches, étiquettes, fermetures à glissière, doublures. « La machine consomme peu d'énergie et traite 500 kg de textiles par heure », explique Andrew Hewitt, manager au Nonwovens Innovation & Research Institute ( NIRI) au Royaume-Uni. Les pièces de tissus sont réutilisées pour créer de nouveaux vêtements ou intègrent d'autres voies de recyclage. Obtenir un fil de tissage d'une couleur homogène est un autre obstacle récurrent, surtout si le fil est destiné au prêt-à-porter. La société Feyecon, aux Pays-Bas, développe depuis huit mois, une méthode pour décolorer les textiles grâce au CO2 supercritique. Dans cet état, le CO2 agit comme un solvant qui déteint, mais aussi dépol-lue les textiles sans altérer leur durée de vie. « Sur le papier, on peut rendre tous les textiles blancs », annonce Audrey-Flore Ngomsik-Fanselow, responsable R & D chez Feyecon. La société travaille à l'optimisation des conditions d'extraction : quantité de CO2 utilisée, emploi de cosolvants, volumes de textile traité, type de fibres notamment. Reste les textiles multifibres. Le français Mapea et le belge Centexbel développent des procédés de recyclage de textiles synthétiques complexes en plastiques techniques. La seconde étudie en particulier l'influence de la présence de polyéthylène dans le polyester pour obtenir des filaments techniques à destination de l'industrie automobile ou la draperie. Concernant le recyclage chimique, la société Valagro a mis au point un procédé de séparation par solvolyse. D'abord, il dépolymérise et solubilise les fibres d'origine animale (laine, soie) sous forme d'acides aminés, puis les fibres cellulosiques (coton) dans un jus sucré et, enfin, les fibres de polyester des autres fibres synthétiques. « Ce projet Multitex sera testé cette année sur une unité pilote et évalué au niveau économique », termine Cédric Dever, directeur de recherche chimie des biomatériaux chez Valagro, à Poitiers.