En 2004, 100 000 tonnes de pneus usagés attendaient qu'on leur trouve des débouchés. « Nous sommes fiers de pouvoir affirmer qu'aujourd'hui, chaque pneu déclaré mis sur le marché est retraité dans le respect de l'environnement. » Éric Fabiew, directeur général d'Aliapur, a précisé lors de la soirée festive marquant le dixième anniversaire de l'entreprise qu'il dirige, qu'au cours de cette presque décennie quelque 400 millions de pneus usagés ont été collectés et traités. Il n'a pas manqué de rappeler les trois piliers fondamentaux sur lesquels repose l'entreprise : la formation des hommes, l'optimisation des process de transformation et la viabilité économique et environnementale des voies de valorisation. Éric Fabiew se félicite de la professionnalisation des entreprises de traitement, collecte et granulation, qui a bénéficié d'un accompagnement financier à hauteur de 100 000 €. La filière a ainsi vu germer 325 emplois à temps plein et se pérenniser 650 autres. La partie aval a toute son importance également puisque c'est ce sur quoi Aliapur a mis l'accent afin d'asseoir économiquement la filière. Depuis sa mise en place, la contribution versée à Aliapur par les manufacturiers et les metteurs en marché, a décru progressivement, passant de 2,20 € en 2004 pour un pneu destiné à un véhicule de tourisme à 1,35 € en 2014. C'était l'objectif fixé voilà quelques années, il est atteint. Aliapur a par ailleurs consacré près de 8 millions d'euros à la recherche et au développement de solutions de valorisation pérennes et respectueuses de l'environnement. Dépôts de brevets, enveloppes Soleau (moyen de se constituer une preuve de sa création et de la dater), marques déposées, autant de pierres qui ont constitué l'édifice du recyclage et de la valorisation des pneus usagés.
Le statut d'éco-organisme injustifié
Deux amendements adoptés en première lecture prévoient que les acteurs de la filière des pneus usagés, Aliapur et France Recyclage Pneumatiques, soient soumis à un agrément de l'État pour obtenir le statut d'éco-organisme. Ils n'ont pas échappé à la loi sur l'économie sociale et solidaire. Alors que les différentes parties intéressées avaient longuement discuté et finalisé le texte du décret relatif au fonctionnement de la filière et que, par ailleurs, le ministère de l'Écologie soutenait le dossier de sortie du statut de déchets des granulats, des députés ont introduit des amendements dans un texte qui a priori a peu à voir avec le sujet, prévoyant un agrément d'éco-organisme en raison d'une hausse de la valorisation énergétique des pneus usagés. Or, les sociétés en charge de ces produits sont confrontées aux conditions des marchés. Éric Fabiew a répété bien souvent au cours des derniers mois l'urgence qu'il y avait à soutenir les différents usages des granulats. Les professionnels des pneumatiques, les manufacturiers, les importateurs, les constructeurs automobiles… sont vent debout contre ce texte. Les actionnaires d'Aliapur envisagent de n'être plus opérationnels dans Recyvalor (Association pour la résorption des stocks historiques de pneumatiques usagés) et évoquent même la dissolution d'Aliapur.