Véritable arlésienne dans le monde des déchets, le picto­ gramme Triman entrera en vigueur le 1er  janvier 2015 après plusieurs reports. Dans sa version originelle, il devait être apposé sur tous les produits recyclables soumis à un dispositif de respon­ sabilité élargie du producteur… Sauf que les industriels ont eu gain de cause et que ses moda­ lités d'application ont été assouplies au nom du choc de sim­ plification. Les producteurs pourront se contenter d'un logo sur leur site Web ou sur une notice d'utilisation. Cet épilogue écarte le risque de contentieux européen puisqu'un logo franco­ français aurait pu être considéré comme une entrave au principe de libre circulation des marchandises. Un risque toutefois hypothétique, selon l'avocat Yann Borrel, notamment parce qu'il « restait une possibilité de faire valoir une raison d'intérêt général pour le justifier ». Délégué général d'Amorce, Nicolas Garnier estime surtout que « cette décision montre le déséquilibre des forces en présence. On demande beaucoup aux collectivités et aux citoyens. On ne peut plus rien exiger des metteurs sur le marché ». Une étiquette commune à tous les produits aurait présenté deux vertus : inciter le consommateur à choisir les plus recyclables et l'informer sur le geste de tri après usage. Cette fonction se trouve certes en partie résolue par le logo Info-tri d'Eco-Emballages. « Mais il n'est pas obligatoire, il est parfois ambigu et il ne concerne que les emballages », souligne Nicolas Garnier, qui se veut optimiste malgré tout : « On voit que certains grands industriels de l'agroalimentaire se mettent naturellement à Triman malgré l'absence d'obligation (même si on nous a expliqué qu'il était impossible dans un contexte international de modifier toutes les étiquettes !). Il nous reste donc à communiquer : achetez Triman ».