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RECYCLAGE

Textiles : recyclage made in France

PUBLIÉ LE 27 JUILLET 2015
LA RÉDACTION
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Première manifestation de ce genre sur le recyclage des textiles - et qui mérite d'être renouvelée - le colloque organisé par Eco-TLC fin 2014 a réuni toute la palette d'acteurs, depuis le concepteur, le fabricant jusqu'au récupérateur et recycleur. L'occasion d'aborder sans tabou, les contraintes des uns, les besoins des autres et les enjeux d'une filière qui se veut résolument tournée vers l'emploi de fibres recyclées et la relocalisation d'une industrie innovante (article publié en février-mars 2015).Le renouveau du textile en France pourrait connaître quelques turbulences liées en particulier à la baisse des cours du coton (causée par un fort déstockage chinois) et du pétrole. Outre le fait que ces données macroéconomiques impactent forcément le prix des matières premières et leur disponibilité, comme le souligne jean-Luc Bartharès chez Eco-TLC, le recyclage peut se révéler être une piste salvatrice à condition de le rendre séduisant : « si l'on souhaite que le recyclage joue un rôle moteur dans la relocalisation de l'activité textile sur le territoire, la mode doit impérativement et rapidement s'en emparer pour le rendre attractif aux yeux du consommateur ». C'est ainsi que s'inscrit dans l'innovation technologique, la Filature du Parc. Basée à Castres, l'entreprise a mis au point un procédé de défibrage de maille unique au monde, pour favoriser le recyclage des textiles et conserver les fibres longues en filature cardée. Cette technique aide ainsi à récupérer la matière intacte et à diversifier les nouvelles applications textiles. Aujourd'hui, le fil recyclé représente 30 % de la production de la Filature. L'idée de la direction est de poursuivre désormais vers le défibrage des fibres courtes de coton et de polyester. Outre l'investissement de 1,5 million d'euros nécessaire à ce développement, l'entreprise comme d'autres transformateurs du secteur insistent sur le besoin de préparer la matière en amont par le biais d'un tri de plus en plus fin et d'une caractérisation des flux. Ce traitement entraînera automatiquement une amélioration de la qualité, gage d'une fibre recyclée attractive. Sur le terrain, cela se traduit notamment par des partenariats industriels comme celui noué avec l'entreprise de tricotage et de confection Regain (Castres). Travaillant essentiellement avec les marchés publics, elle vient par exemple de lancer une nouvelle marque Pic de Nore inaugurant une nouvelle gamme de pulls hommes haut de gamme incorporant de la fibre recyclée. Caractérisation et affinage du triLe colloque a joué pour les fabricants de textiles en fibres recyclées, le rôle de caisse de résonance. Comme le souligne Arielle Lévy de l'enseigne L'Herbe Rouge qui recherche une plus forte valeur ajoutée et une qualité supérieure de sa maille conçue à partir de fibres recyclées, l'ensemble de la filière estime que la reconnaissance des produits doit passer par une meilleure traçabilité pour connaître la composition de la matière, telle que par exemple la nature des teintures et des matières synthétiques utilisées. De même pour Eric Boël, fondateur du label Altertex (collectif de PME française promouvant un textile éco-responsable), la finesse du tri et l'identification des matières pour produire plus de fils recyclés est indispensable. Et de donner l'exemple de sa propre entreprise Les Tissages de Charlieu qui détient 400 fils en référence : « alors que les fibres biosourcées représentent 40 % du CA, seulement 11 fils recyclés sont actuellement référencés, soit 3 % de la palette disponible, car on ne peut pas techniquement aller plus loin aujourd'hui » regrette-t-il. Si les professionnels du recyclage comme éco textile, Minot Recyclage ou Recyc Matelas Europe ont entendu ce message, ils ont également présenté leur activité et leurs contraintes : « sur 600 000 t/an de textiles usagés en France, seulement 150 000 t/an collectées et 97 % valorisés, explique Mehdi Zerroug, pdg d'éco textile. Le taux de réemploi atteint 60 %. Mais les flux que nous récupérons sont essentiellement constitués de textiles en mélange, d'où le problème d'affinage du tri demandé par les transformateurs ». Les principaux débouchés à ce jour portent sur les cotons et les chiffons transformés en produits d'essuyage et d'isolation à partir d'effiloché, à l'instar de Minot Recyclage qui contribue à la fabrication du matériau isolant Métisse développé par le Relais : « Cette filière mérite de se développer car à ce jour, les grands donneurs d'ordre restent encore frileux sur ces nouveaux produits aussi performants pourtant que les matières traditionnelles comme la laine de verre » déplore Jean-Christophe Minot. Diversifier les débouchésComme le secteur automobile, l'industrie du bâtiment est de plus en plus sollicitée pour intégrer des matières recyclées. Les fibres textiles recyclées pourraient selon l'Ademe trouver de nombreuses applications dans ces industries. À ce titre, un AMI a été lancé jusqu'en 2016 sur les possibilités d'intégrer des matériaux issus du recyclage dans la construction. Le colloque a été par ailleurs l'occasion pour tous les acteurs de regretter l'insuffisance voire l'absence de la commande publique qui pourrait donner un coup d'accélérateur à la filière. Le fabricant français de machines pour le recyclage textile, Laroche, souhaite également diversifier son activité dans ces secteurs. À ce jour, la PME réalise 90 % de son CA à l'export. Environ 2000 machines sont installées dans le monde entier. Au-delà de cette position de chef de file, Laroche poursuit sa R&D avec la 4e génération de machines, qui transforment les fibres en produits semi-finis ou finis non tissés pour l'ameublement (1 500 t/an), l'automobile et le bâtiment. « Ce secteur représente un créneau porteur, soutient Patrick Pollet. Mais les freins à l'emploi de fibres recyclées, relatifs à la réglementation, aux normes dans le bâtiment, aux référentiels, et au réseau de distribution existant empêchent ce développement ». Par frilosité, contrainte réglementaire, difficile de trouver des débouchés sur le territoire français. C'est ce que constate également Franck Berrebi de Recyc Matelas Europe. Spécialisée dans la collecte et le traitement des matelas usagés, l'entreprise valorise 50 % des 6 000 t/an collectées mais ne recycle que 15 % en France. La fraction textile part essentiellement en Belgique, aux Pays-Bas et en Amérique du Nord. « Le soutien de l'Ademe avec ses AMI et le lancement d'un pilote industriel près d'Angers en avril 2015 avec Innortex (RR n° 22-2015) va peut-être débloquer la situation » espère Franck Berrebi. L'idée est de développer le recyclage des textiles issus des matelas dans le bâtiment, en boucle fermée (matelas, isolant) et dans l'automobile. À ce jour, les équipementiers français se montrent peu intéressés, contrairement à leurs homologues européens. Et pourtant, le rapport qualité/prix est au rendez-vous, assure le fondateur de Recyc Matelas Europe. Un observatoire européen des pratiques Lors de la dernière convention d'automne du BIR (Bureau for International Recycling) à Paris, le président de la division textile Mehdi Zerroug (mais aussi président de la branche Federec Textiles) a inauguré la création du premier observatoire européen des pratiques de collecte et de recyclage des textiles. Sous la houlette du BIR, cette nouvelle structure rassemble pour l'instant deux pays, la France et le Royaume-Uni, à travers leurs organisations respectives Eco TLC et l'Ademe ; l'association Textile Recycling Association et Wrap. En raison des pratiques et des travaux de R&D sur les modes de traitement et les débouchés, menés dans ces deux pays, ce rapprochement va permettre de poser les fondations et le mode opératoire de l'observatoire pour susciter des vocations dans d'autres pays membres du BIR. « L'idée est d'échanger et de développer à l'échelon européen, des pratiques locales de collecte, de tri et de traitement. Il est en effet dommage que certaines activités d'effilochage ancestrales, confinées à une région d'Italie par exemple, risquent de disparaître alors qu'elles pourraient être remises au goût du jour, et généralisées à la filière européenne » souligne Mehdi Zerroug.           CM/RR
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