L'année dernière l'AMRF fêtait son quarantième anniversaire, l'occasion de réaliser un « état des lieux ». Cette année, qui marque les 30 ans de la décentralisation, et les 20 ans de l'intercommunalité, est aussi l'occasion pour les maires ruraux de mettre ce « bilan » en regard des réformes passées, en cours et annoncées. Et pour le moins, le compte n'y est pas. Si des avancées ont eu lieu, Vanik Berberian, président de l'AMRF, a souhaité présenter « 10 priorités pour la ruralité » à la veille de l'élection présidentielle. « Les maires ruraux en ont un peu assez qu'on pense à eux à la vielle de la présidentielle. Parrainages obligent... », explique-t-il en souriant. « Les 10 priorités que nous présentons sont nécessaires à la vie de nos collectivités et indispensables à l'aménagement du territoire », insiste-t-il.
Développer l'accès au très haut débit sur l'ensemble du territoire avant la fin du mandat : « C'est, martèle Vanik Berberian, la priorité des priorités. Désormais, lorsque des personnes souhaitent s'installer dans l'une de nos communes la première question qu'elles posent n'est pas de savoir s'il y a une école, mais si nous avons le très haut débit, c'est dire ! Il ne peut pas y avoir de développement et d'interactivité si nous ne sommes pas « outillés ». Les territoires ruraux ont droit au même développement que les pôles urbains, nous ne sommes pas des « sous-citoyens ! » Une priorité à laquelle on peut d'ailleurs ajouter celle concernant la généralisation du plan école numérique rurale qui, lors de son lancement a très largement mobilisé les élus ruraux.
Les services publics toujours à la peine
D'autre part, l'AMRF souhaite qu'un caractère contraignant soit donné à la Charte des services publics en milieu rural (23 juin 2006). « Cette Charte... disons qu'elle a une valeur décorative pour ceux qui l'on punaisée sur le mur de leur bureau ! Sérieusement, cette Charte qui impose une obligation de diagnostic et une concertation préalable à toute réorganisation, ou fermeture d'école, de bureau de poste, de gare ou de trésorerie est bien loin d'être respectée c'est pour cela que nous voudrions qu'elle devienne contraignante et opposable. » D'autre part, l'AMRF souhaite que soit mis en place un plan de développement de la vie associative, « Certaines associations qui jouent un rôle essentiel, par exemple pour l'aide à la personne, ont vu leur subvention départementale ou régionale baisser depuis 4-5 ans, et nous savons qu'elles sont indispensables à la vitalité des territoires car elles assurent certaines actions autrefois dévolues aux services publics. »
Les problématiques exposées par l'AMRF concernent également la mise en place une politique de l'habitat qui, en milieu rural, pose des problèmes spécifiques liés aux terres agricoles et de documents d'urbanisme. Concernant les finances, les maires ruraux demandent un rééquilibrage de la DGF vers un montant de DGF équivalent quelle que soit la taille de la commune. « Nous en avons assez d'être considérés comme des demi-portions ! s'exclame le président de l'AMRF. Même si des corrections ont été apportées à la DGF, nous valons toujours deux fois moins que les urbains ! »
Enfin, l'AMRF demande la création d'une Mission interministérielle à l'Aménagement du territoire, un acte qui traduirait une véritable volonté politique.
Dans un courrier destiné aux candidats à l'élection présidentielle, Vanik Berberian expose les dix points essentiels identifiés par les Maires ruraux pour la ruralité et sollicite leur opinion. Il ne reste plus qu'à attendre et espérer les réponses que nous ne manquerons pas de relayer sur notre site internet (www.journal-des-communes.fr).