Mettre en place un agenda 21 scolaire et le faire vivre repose sur l'engagement pérenne de toute la communauté éducative d'un territoire.
Comme l'agenda 21, l'agenda 21 scolaire est un programme d'action à visées sociale, environnementale et économique, mais à l'échelle d'une école. « Pour qu'un agenda 21 scolaire soit réussi, il faut du temps, de la stabilité, affirme Marie-Laure Guillaumin, responsable de l'éducation au dé veloppement du rable (EDD) au Centre régional de documentation pédagogique (CRDP) de l'académie de Paris. Ce type de projet se joue sur la durée, pas sur une année scolaire, afin que les élèves s'approprient les sujets. » Or, à Paris, poursuit-elle, « les directeurs et les enseignants changent régulièrement d'établissement. J'ai en tête l'exemple d'une école maternelle ayant fait un travail formidable ces dernières années, mais dont l'un des professeurs et la directrice partent... Je ne suis pas sûre que le programme soit poursuivi ». Sur les 600 écoles parisiennes, très peu ont finalement un agenda 21 scolaire. Et, quand elles en ont un, « il faut distinguer celles qui sont inscrites sur la liste et celles qui sont actives, parce que c'est une démarche que l'on ne peut imposer aux enseignants, indique la responsable. Chaque établissement gère comme il le peut. C'est pourquoi nous nous montrons souples sur le suivi :si une école se montre moins active une année, je la garde quand même sur la liste des écoles agenda 21 ».
Afin d'aider les établissements
dans la mise en place et l'animation d'un agenda 21 scolaire, il existe des réseaux régionaux pour l'éducation à l'environnement. Claire Pierrard fait partie du Graine Provence-Alpes-Côte d'Azur. « Nous organisons des formations de trois jours destinées à nos adhérents pour les aider à acquérir la méthodologie de l'agenda 21 », explique-t-elle. Les freins évoqués par les établissements sont essentiellement financiers ou liés à la motivation. « Le manque de temps est aussi souvent mis en avant, car aucun créneau horaire spécifique n'est alloué », explique la chargée de projet. Selon elle, la réussite d'un agenda 21 scolaire repose notamment « sur une équipe soudée et pas seulement sur un seul professeur dont le départ compromet sa survie ».
La première étape dans la création d'un agenda 21 scolaire est la mise en place du comité de pilotage. Ce comité sera aussi le « fil rouge du projet, car c'est grâce à lui que tout se fera », résume Alexandra Siarri, qui travaille aux Juniors du DD de la communauté urbaine de Bordeaux. Dans l'idéal, il doit représenter les habitants de l'école au sens large. Il faut donc un représentant par classe et par niveau, un représentant du personnel municipal (personnel de cantine, agents de nettoyage), des parents, les associations de quartier…« Si les élèves mènent des observations et des actions sur les consommations d'eau et d'électricité et que les dames de service, ou le centre de loisirs, qui occupe les mêmes locaux, ne sont pas impliqués dans la démarche, les résultats ne seront pas visibles pour les élèves », justifie Marie-Laure Guillemin.
Le succès passe également par l'implication du chef d'établissement. Si le directeur n'accompagne pas les enseignants, cela peut se révéler lourd à gérer. « Comme l'agenda 21 scolaire n'est pas homologué par l'Éducation nationale, il ne jouit pas d'une dynamique officialisée. Et donc repose essentiellement sur l'envie des équipes pédagogiques », précise Alexandra Siarri. Pour autant, sa mise en place n'est pas une initiative que la collectivité peut prendre seule : un partenariat doit être noué avec l'académie dont dépend l'établissement.
Si l'école choisit, chaque année, ses thématiques et doit commencer par un diagnostic, « car ce qui est intéressant, c'est que l'agenda 21 scolaire s'appuie sur des constats, pas sur du dressage comportementaliste. Mais pour cela, il faut être patient », constate Alexandra Siarri. A minima, il peut s'agir des thèmes suggérés par l'Ademe. Mais la plupart du temps, les sujets émergent en fonction des réalités locales : une cantine trop bruyante permet d'aborder les questions de citoyenneté, un jardin près de l'école la biodiversité... Une fois le débat suscité, les enfants sont sensibilisés. Sur l'eau, par exemple ! Où sont les points d'eau dans l'école ? Qui les utilise ? Y a-t-il des fuites ? Est-ce que l'eau des toilettes est potable ? Un élève sera ainsi posté à la fontaine et aura pour mission d'observer s'il y a du gaspillage. Il faut ensuite conduire les enfants à s'interroger sur ce qu'ils peuvent faire à leur niveau pour passer du diagnostic à l'action ?
Il est enfin nécessaire de communiquer et d'évaluer les actions. « Si cela n'a pas marché, ce n'est pas grave », relativise Marie-Laure Guillemin. Mais ce qui est important de rappeler aux enseignants, c'est que l'agenda 21 fait partie du programme. Ces activités transversales touchent aux maths, au français... Le développement durable, ce n'est pas en plus, c'est autrement », ajoute-t-elle. Au fil des années, dans les écoles engagées depuis le début, Alexandra Siarri a constaté que la culture écologique des enfants progresse. Un avis que partage Marie-Laure Guillaumin : « Lorsque les enfants rencontrent des élus, leurs questions ne portent plus uniquement sur les écogestes, mais dénotent d'une plus grande maturité. » l