Journal des Communes Durables : Le rapport de la Cour des comptes intitulé «La politique de la ville - une décennie de réformes, publié en juillet 2012», conclut sur un échec en matière de rénovation urbaine. En quoi la nouvelle réforme de la politique de la ville serait-elle différente des autres ?
Stéphane Beaudet : Ce rapport dresse les mauvais résultats des différentes politiques de la ville, mais quel aurait été le bilan des quartiers en difficulté si rien n'avait été fait? Il est toujours plus facile de critiquer que de faire l'éloge des progrès qui ont été réalisés. Depuis l'application des différentes réformes, la qualité de la vie dans les quartiers s'est pourtant globalement améliorée. Les charges des immeubles ont sensiblement diminué grâce aux travaux d'étanchéité pour économiser de l'énergie par exemple. La mise en place de salles de sport et des lieux associatifs ont permis de renforcer les liens entre les habitants et contribuer au bon vivre ensemble. Si vous interrogez les élus, aucun ne vous répondra que la politique de la rénovation urbaine n'a conduit à rien.
Bien entendu, même si je mets en avant les progrès réalisés, je reconnais que beaucoup d'efforts restent à faire. Cette nouvelle politique de la ville proposée par le gouvernement me paraît donc tout à fait appropriée.
CD : Le gouvernement préconise la réduction du nombre de erritoires bénéficiant des crédits de la politique de la ville. Ce hoix vous paraît-il justifié ?
S.B. : Bien que n'étant pas de la même couleur politique, je partage à 200 % ce choix du gouvernement. La faiblesse des autres réformes est d'avoir participé au saupoudrage des aides dans les quartiers, ce qui a empêché de rendre compte de l'avancée de la qualité de vie sur le terrain. Le projet de cibler prioritairement 1 000 quartiers en difficulté sur les 2 500 aidés aujourd'hui, me semble être le bon choix. Car le plus important aujourd'hui est de faire revenir dans ces quartiers le droit commun, et pour cela il faudra employer les gros moyens. Le paradoxe est que nous sommes en période de coupes budgétaires et que les collectivités doivent composer avec des moyens beaucoup plus réduits. Or elles ne peuvent pas porter seules ses projets. La solution serait selon moi de rattacher le ministère de la Ville à Matignon, ce qui faciliterait les prises de décisions. n
Atelier Assises de l'Amif
« Quelle réforme pour la politique de la ville » - 10 avril – 15h