La démocratie locale évolue et avec elle, son administration. De nouveaux métiers émergent comme les développeurs territoriaux. Ils pourraient être le signe d'une appétence du monde local au développement, au portage de projets, de ceux qui refusent obstinément d'être laissés pour compte, au moment où l'aménagement du territoire semble illisible. L'enjeu majeur pour les années à venir serait pour les collectivités territoriales de se doter des moyens propres à imaginer leur futur et les ingénieries nécessaires à son portage. Cependant l'État retire son ingénierie des territoires et s'ouvre sur les privatisations concurrentielles au moment où les incantations officielles font l'apologie de la recherche, de l'innovation, de la créativité… Par substitution, des solutions sont à imaginer. Or, le monde local maîtrise très inégalement les méthodes de l'ingénierie. Malgré ce constat, nous postulons que l'imagination, la créativité, l'intelligence des acteurs des territoires peuvent faire naître de quasiment n'importe quel lieu un projet pour un territoire. Des solutions s'imposent, l'intelligence territoriale apparaît comme une hypothèse nécessaire pour impulser un futur mis en prospective. Elle ne fera pas l'économie d'une réflexion sur la gouvernance interne des collectivités locales par une analyse des enjeux de pouvoir managériaux au sein de la sphère administrative comme des conflits potentiels dans la relation entre la légitimité démocratique des élus et la légitimité de l'expertise détenue par des agents publics lors de la fabrication de la décision locale. Elle sera aussi le prétexte pour s'interroger sur l'émergence des idées nouvelles et le rôle tenu à cet égard par l'Europe et ses programmes de recherche comme de ses relais académiques. Pour autant, peut-on parler de science du territoire au prix de lectures transdisciplinaires ? De l'échange de bonnes pratiques à la recherche de nouveaux paradigmes, le monde local foisonne d'initiatives propres à donner corps à l'intelligence territoriale à travers laquelle il faut y voir l'une des clefs de résistance consubstantielle d'une démocratie apaisée et respectueuse de tous ses citoyens.