C'est avec beaucoup de sérénité que cet ancien polytechnicien, âgé de 63 ans, a été élu le 1er juillet 2009 à la présidence de l'Office international de l'eau ( OIEau). Il succède à Jean Renard, qui occupait le poste depuis 1994 et n'a pas sollicité le renouvellement de son mandat. « Je ne suis pas inquiet : je connais bien l'OIEau depuis sa formation. Je suis un vieil aquatique ! », s'amuse Pierre Roussel. En effet, ce Parisien d'origine auvergnate choisit l'École nationale du génie rural, des eaux et des forêts comme école d'application de Polytechnique. Ses premiers postes, à la direction départementale de l'agriculture du Finistère, au ministère de l'Agriculture, puis à la direction départementale de l'agriculture du Haut-Rhin, l'éloignent un temps des problématiques aquatiques.
Mais à partir de 1993, Pierre Roussel plonge pour de bon la tête dans l'eau. Directeur adjoint puis directeur de l'eau au ministère de l'Environnement pendant quatre ans, il occupera ensuite le poste de président de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse pendant six ans. En 2006, il devient le chef de l'inspection générale de l'environnement au ministère de l'Écologie et du développement durable. La création du grand ministère chargé de l'Environnement le propulse au poste de président de la Commission permanente des ressources naturelles au Conseil général de l'environnement et du développement durable. « À ce stade de ma carrière, ce que je finis par savoir faire, c'est travailler avec les autres. Me repérer dans les jeux complexes d'acteurs. Être l'intermédiaire entre des interlocuteurs aux intérêts variés mais tous légitimes. »
Association à but non lucratif déclarée d'utilité publique, l'OIEau se partage entre la France et l'international, gère le Centre national de formation aux métiers de l'eau et le Centre national d'information et de documentation sur l'eau. À l'étranger, il contribue à l'application des directives communautaires et développe des programmes de coopération pour diffuser les préceptes et méthodes de l'École française de l'eau. « La technostructure marche bien, et je compte m'inscrire dans la continuité de mon prédécesseur. »
Mais ce passionné de balades en moyenne montagne pourrait aussi prospecter de nouveaux domaines. Il est aussi vice-président délégué de l'Association française pour la prévention des catastrophes naturelles : « Ce pourrait être un nouveau centre d'intérêt pour les formations, car il n'existe rien de ce genre pour les élus et les personnels municipaux. » Peut-être faudra-t-il aussi veiller à éviter les doublons et optimiser les synergies avec d'autres organismes comme l'Astee ou la Société hydrotechnique de France ? Reste enfin à savoir quelle place Pierre Roussel s'attribuera aux côtés de l'équipe existante. « Je ne jouerai pas à l'oeil de Moscou ! D'ailleurs, mes fonctions et celles du directeur général, Jean-François Donzier, sont très complémentaires : je vois son rôle comme technico-politico-administrativo-commercial et le mien comme politico-technique. » Un rôle auquel il pourra encore mieux se consacrer début 2011, date à laquelle il songe mettre fin à ses fonctions au ministère.