« La surface "verte et bleue" sur la seule ville de Nantes est de 2 700 hectares, soit 40 % de la surface totale », explique Jacques Soignon, directeur du service des espaces verts et de l'environnement de la Ville de Nantes. L'abandon il y a quarante ans des projets de voies pénétrantes, qui devaient longer les berges des principales voies fluviales, a libéré des terrains le long de l'Erdre jusqu'au coeur de la ville. Rendus inconstructibles, ces terrains sont devenus des espaces naturels. Ces dernières années, « pour les préserver tout en les rendant accessibles, nous avons mis en place une circulation du public au moyen de chemins et de passerelles qui passent au-dessus des marais. La gestion des espaces verts est différenciée : fauche tardive, pas de pesticides ni d'herbicides », poursuit Jacques Soignon.
RESTAURATION
Le terrassement des chemins piétonniers a été réalisé pour les zones les moins « portantes » avec des fagots et des pierres pour permettre à l'eau de circuler en limitant l'effet de barrière. Sur certains cours d'eau, la communauté urbaine engage un programme complet de restauration de la qualité de l'eau et des milieux naturels. Ainsi, une action est menée depuis 2006 sur 35 des 77 kilomètres du Cens. Une douve a par exemple été creusée en 2009, sur 100 mètres de long, afin de recréer une zone humide en eau adjacente au Cens, propice à la reproduction des brochets.
Résultat, Nantes abrite en son coeur des marais où poussent saules, aulnes et frênes, iris jaunes des marais et oenanthes safranées ; où vivent petits mammifères et batraciens, oiseaux, poissons et insectes. À noter que les habitants ne semblent pas se plaindre de la présence de moustiques. « Un équilibre existe sans doute avec la faune associée : batraciens, reptiles, oiseaux... », avance Jacques Soignon. Une héronnière s'est d'ailleurs installée en centre-ville.
PREMIÈRE CATÉGORIE
Un peu plus en amont sur le Cens, à Sautron, une passe à poissons a été aménagée en remplacement de l'obstacle qui barrait auparavant la rivière. La Fédération de pêche du département espère faire passer le cours d'eau de seconde à première catégorie piscicole, et d'en faire la première rivière à truites du département.Parallèlement à ces actions de restauration, Nantes Métropole, agglomération qui englobe vingt-quatre communes dont la Ville de Nantes, agit sur les diverses sources de pollution et de détérioration des cours d'eau : amélioration des traitements des effluents domestiques, construction de bassins d'orage, actions contre les pollutions diffuses d'origine agricole. L'agglomération soutient par ailleurs une agriculture périurbaine respectueuse de l'environnement : 1 500 hectares de friches agricoles devraient être remis en culture dans les dix prochaines années.
CONTRATS NEPTUNE
Toutes ces actions, soutenues par l'agence de l'eau Loire-Bretagne, s'inscrivent dans les contrats dits « Neptune » signés par Nantes Métropole avec cet organisme depuis 1994. Mais aussi dans les documents de planification à l'échelle de l'intercommunalité, surtout le schéma de cohérence territoriale (Scot) adopté en 2007 par l'agglomération nantaise et quatre autres groupements de communes. Le principe du maillage vert et bleu, dont la logique a prévalu depuis longtemps dans l'aménagement des « coulées vertes » de Nantes, a été transposé à l'échelle du Scot par l'agence d'urbanisme de l'Agglomération nantaise et traduit dans les plans locaux d'urbanisme des communes. Selon Maryline Guillard, directrice énergies, environnement, risques de Nantes Métropole, la priorité est aujourd'hui « d'inventorier la biodiversité et d'assurer les continuités écologiques aux différentes échelles de territoires (communes, intercommunalité, Scot) en mettant en place les bons outils de planification et de protection des espèces et des espaces. »