À Ancenis, en Loire-Atlantique, le groupe agricole coopératif Terrena réalise un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros, avec 20 000 sociétaires et 12 600 salariés. Il a souhaité mener une réflexion sur les énergies renouvelables. « Avec l'accord du conseil d'administration, nous allons conduire des actions autour du photovoltaïque et de l'éolien », annonce Olivier Kriegk, directeur scientifique et chargé de mission QSE chez Terrena. Élément déclencheur de ce projet : le décret publié il y a un peu plus d'un an, qui garantit la revente à EDF de l'électricité produite en photovoltaïque au prix de 55 centimes le kilowattheure, pour une installation intégrée au bâti, au lieu de 15 centimes jusqu'alors. « Avant ce décret, le photovoltaïque était plutôt réservé à des militants fortunés. Aujourd'hui, il est accessible à tous », se félicite Olivier Kriegk.
Coup de chance : les bâtiments agricoles ont souvent de grandes toitures, bien orientées. Terrena dispose elle-même de grandes surfaces exploitables. Toutes les conditions étaient donc réunies pour installer, en interne et chez ses coopérateurs, plusieurs petites centrales photovoltaïques. Et ainsi jouer la carte des énergies propres, tout en apportant une nouvelle activité économique aux exploitants concernés.
Deux volets d'action
« Au printemps 2006, en travaillant sur ce projet, nous faisions le constat d'un marché français encore balbutiant et mal structuré, ce qui supposait une implication forte de la coopérative », se souvient Olivier Kriegk. Aujourd'hui, les choses coulent de source. En deux temps. Un premier volet d'action vise le site de Terrena, un second les agriculteurs sociétaires. Pour le premier, la coopérative va équiper de capteurs solaires le toit de son atelier d'entretien des véhicules dans la zone industrielle de l'Hermitage, à Ancenis. « Nous poserons 2 300 m² de capteurs pour une puissance installée de 250 kWc et une production annuelle de courant estimée à 250 000 kWh », détaille le directeur scientifique. L'investissement de 1,4 million d'euros s'inscrira au budget 2008 et devrait s'amortir sur dix ans. « Pour une installation de 15 kW, nous nous basons sur une recette de 8 400 euros par an », calcule Olivier Kriegk. D'autre part, comme « la production d'électricité devient intéressante dans le cadre de la diversification agricole », Terrena a commencé à poser des centrales de plus petite puissance, 14 kW en moyenne, chez certains de ses adhérents. Le tout avec une offre clés en main, dite « kit solaire », de l'étude à l'installation en passant par le plan de financement.
Dans les deux cas, c'est le propriétaire des panneaux solaires qui contractualise avec EDF, c'est-à-dire Terrena pour son projet et les agriculteurs pour les petites centrales qu'ils se font poser. En sus, la Région Pays de la Loire apporte une aide de 1,40 euro par watt crête de puissance, plafonnée à 15 kWc, ce qui correspond à la moyenne des installations proposées aux adhérents. De plus, la coopérative joue le rôle de bureau d'études, aide au montage des dossiers administratifs, négocie le matériel chez les fournisseurs (Tenesol et Photowatt) et fédère les artisans locaux qui montent les centrales. Fin septembre, sept agriculteurs avaient déposé une demande d'installation et le groupe en attendait une vingtaine supplémentaire. « Notre offre est ouverte à tous, même si ce sont les éleveurs qui ont le plus de bâtiments », précise Olivier Kriegk. Avant d'estimer, enthousiaste : « Nous pensons vendre et poser une quarantaine d'installations de 100 m² en moyenne dans les douze mois qui viennent, et atteindre rapidement une puissance installée de 1 MW par an ensuite. »