En 1965, Marie de l'Estoile et son mari héritent d'un bout de forêt normande, 170 hectares dans la vallée de la Seine, rachetés à l'État par un aïeul à la fin du XIXe siècle. Jeune mariée et ingénieur chimiste diplômé, la jeune femme décide de s'occuper du domaine à plein-temps. Elle apprendra sur le tas, dans un milieu très masculin. « Je n'ai pas eu le droit à l'erreur, concède-t-elle. À l'époque, il n'y avait aucune formation pour les propriétaires forestiers privés. Mais, j'ai très vite décidé de me placer en tant que producteur et de prôner l'intérêt d'une gestion collective. » Un sens du collectif qui l'a poussée à créer, en juillet dernier, l'association France Biomasse Énergie, pour favoriser les synergies interprofessionnelles de cette filière en vogue à l'heure où la guerre au CO2 est déclarée. Son obsession pour l'union des producteurs ne l'a jamais quittée. Elle préside dès ses débuts le groupement de gestion et de productivité forestière de l'Eure et fonde, en 1979, la coopérative forestière d'Évreux, devenue CoforOuest en 2004. En 1994, elle va plus loin en créant l'Union de la coopération forestière française, qu'elle préside aujourd'hui. Décorée de l'ordre national du Mérite et de la Légion d'honneur, Marie de L'Estoile porte aujourd'hui encore de multiples casquettes dans des organismes nationaux ( Fédération des forestiers privés de France, Conseil supérieur de la forêt, programme forestier national, etc.). À 69 ans, elle compte également profiter de ses cinq enfants et de leur famille, qui viennent désormais se ressourcer dans la maison qui les a vus grandir, au coeur de la forêt.