Dans l'optique de développer des projets de séquestration du CO2 où la sécurité est garantie, il s'avère indispensable de disposer d'outils de détection de fuites. C'est l'objet du travail d'un chercheur de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP), dans le cadre d'une thèse. Celle-ci a abouti à la mise au point du Garodiox, un instrument d'analyse des gaz rares dissous dans de l'eau ou des saumures. L'idée de l'IPGP est en effet de suivre dans les aquifères voisins des zones de stockage (potentielles ou après début d'exploitation) la diffusion de gaz rares. La géochimie des gaz rares est en effet précieuse. Inertes chimiquement, ils réagissent peu avec le milieu qu'ils traversent, contrairement au CO2. De ce fait, ils migrent plus rapidement. Les utiliser comme traceurs de fuite est donc pertinent, car cela évite toute erreur d'interprétation liée aux réactions du gaz dans le milieu et permet de repérer très tôt la fuite avant même la migration effective du CO2. Les gaz rares sont injectés avec le CO2. Pour distinguer une fuite dans un aquifère voisin, il suffit alors de repérer le gaz rare traceur choisi ou les déséquilibres dans les rapports de gaz rares naturellement dissous dans l'eau. Il convient dans ce deuxième cas d'établir un « point zéro » au début de l'exploitation ou de l'étude. Pour permettre cette analyse, les chercheurs ont dû développer un outil adapté aux phases aqueuses, alors que toute l'expérience des géologues porte sur le suivi gazeux. Le Garodiox extrait donc par détente sous vide les gaz dissous, les purifie sur des pièges froids ou des mousses métalliques pour ensuite les analyser par spectrométrie de masse. Ces travaux ont été récompensés à Pollutec d'un Prix des techniques innovantes pour l'environnement.