L'idée de départ est simple : « Si le changement climatique est mauvais, alors il est mauvais d'en profiter », a lancé le 2 décembre May Boeve, directrice exécutive de 350.org, en tribune au Bourget dans l'espace de négociations de la COP21. La campagne de désinvestissement vise à inciter les investisseurs internationaux à se désengager des actifs dans les énergies fossiles. A ce jour, plus de 500 organisations, représentant 3400 milliards de dollars d'actifs, auraient ainsi pris des engagements de désinvestissement. Attention : ces acteurs ne détaillent pas forcément leurs portefeuilles financiers. La somme évoquée ne correspond donc pas au montant effectivement désinvesti, mais au total des actifs gérés par les acteurs qui ont pris des engagements.Il n'empêche : « Après les pionniers, le mouvement de désinvestissement s'étend de plus en plus aux acteurs de la finance traditionnelle : fonds de pension, assureurs, banques... », souligne Pascal Canfin. L'ancien ministre français du développement prend en exemple Allianz : l'assureur allemand a annoncé désinvestir de l'énergéticien RWE et d'autres entreprises. « Imaginez le changement culturel que cela représente pour l'économie allemande », glisse Pascal Canfin. Autre exemple, en France cette fois, la Caisse des dépôts a annoncé vouloir décarboner son portefeuille.En septembre 2014, 181 organisations s'étaient engagés. Elles représentaient 50 milliards de dollars d'actifs financiers. Un an plus tard, en septembre dernier, elles étaient 400 pour 2600 milliards de dollars d'actifs. Depuis, la dynamique s'est encore poursuivie. « Pour deux raisons », juge Stephen Heintz, président de la fondation Rockefeller. « L'impératif moral d'avoir à sauver la planète, mais aussi la réalité économique. Les actifs financiers dans les énergies fossiles sont en effet risqués et perdent de la valeur. »Le secteur privé n'est pas le seul concerné. D'après 350.org et Divest-Invest, qui portent cette campagne de désinvestissement, 19 collectivités locales françaises ont soutenu le mouvement. Dont Lille, Bordeaux, Dijon ou encore Saint-Denis. La fédération des élus écologistes au Parlement européen a d'ailleurs publié un guide pratique, en français, intitulé « Désinvestissement carbone : vers des collectivités locales zéro fossile ». Un kit pratique pour comprendre les enjeux et initier une démarche adaptée à sa collectivité.
TB