- Pourquoi avoir rédigé ce rapport ?- Ce rapport fait suite à une étude que Stéphane Dambrine, alors directeur général du Groupe Valophis Habitat, avait publié en mars 2010, à la demande, déjà, du Plan Bâtiment Durable. Le sujet des réseaux de chaleur y avait été logiquement abordé, le logement social étant le premier client du chauffage urbain. Stéphane Dambrine s'y étonnait de la difficulté de compréhension des tarifs et de prix élevés pour un mode de chauffage qui, faisant appel à la mutualisation, devrait théoriquement être moins coûteux. Alerté sur le fait que ces tarifs étaient toujours élevés et très variables, j'ai proposé au président du Plan Bâtiment Durable, Philippe Pelletier, de reprendre le sujet.- Votre rapport compte 34 propositions. Quelle en est la ligne directrice ?- Ma principale idée : augmenter le nombre de personnes raccordées pour mathématiquement réduire la coût par logement. On sait que la meilleure façon d'améliorer la rentabilité de ce mode de chauffage est d'augmenter sa densité thermique, c'est à dire le nombre d'usager. Le rapport décrit les étapes qui devraient se succéder pour arriver à cette finalité. J'ai considéré le réseau de chaleur comme un produit qu'il fallait rendre attractif. - Selon quels critères ?- Un produit doit d'abord être de qualité. Confort, souplesse, continuité du service, c'est le cas pour les réseaux de chaleur. Mais il faut aussi que le produit soit au meilleur prix. Il doit pour cela répondre aux besoins, ne pas être surdimensionné. Les réseaux français le sont malheureusement, car au moment de leur construction entre les années cinquante et soixante-dix, ce n'était absolument pas gênant. Pour être compétitifs, les réseaux doivent également être adaptables et modulables. Leur conception demande donc beaucoup plus de technicité aujourd'hui qu'hier. D'où mes propositions d'instaurer un système de certification des personnels en charge du dimensionnement de ces réseaux, ainsi que de leur exploitation et de leur maintenance. Ou encore de mettre en œuvre un système de régulation, humain ou automatique, dans les installations qui n'en ont pas (d’ailleurs à recenser !), dès l'instant où sa rentabilité économique est prouvée. Un produit doit être compétitif à l'achat, mais il faut qu'il le reste sur la durée.- Vous voudriez par ailleurs affecter une part conséquente du Fonds chaleur à l'amélioration économique des réseaux…- Oui. Il faudrait aussi que ces subventions soient assujetties non seulement aux quantités de chaleur produites, mais aussi consommées. Le Fonds chaleur pourrait en outre financer les travaux de raccordement à un réseau vertueux, c'est à dire majoritairement alimentés par des énergies renouvelables ou de récupération. Et même subventionner des campagnes de communication ciblées auprès des usagers potentiels. Il faut aussi aider les particuliers, par exemple en rendant applicable le crédit d’impôt pour se raccorder à un réseau de chaleur.Fabian Tubiana