Le gouvernement enterre-t-il discrètement la loi sur la transition énergétique ? Le doute planait depuis le début 2016. Et pour cause : la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) tarde à être publiée. Elle ne l'était d'ailleurs toujours pas ce 25 avril à l'entamme de la Conférence environnementale. Pourtant, cette PPE doit définir l'évolution du mix énergétique français d'ici à 2018 puis 2023. Véritable colonne vertébrale de la politique nationale, elle constitue aussi la traduction en France de l'Accord de Paris sur le climat.Le volet le plus attenduLe premier volet de cette PPE concerne les énergies renouvelables. Un arrêté avait été mis en consultation. Ce texte révise la programmation pluriannuelle des investissements. En ouverture de la Conférence environnementale, Ségolène Royal a confirmé sa publication dès cette semaine. La ministre de l'Environnnement veut ainsi donner de la visibilité aux renouvelables sans attendre les arbitrages sur l'avenir de la filière nucléaire. Cet arrêté prévoit ainsi d'augmenter nettement d'ici à 2023 la capacité dans les énergies renouvelables électriques. La puissance installée atteindrait alors 71 à 78 gigawatts, contre 43 aujourd'hui. Mais aussi augmenter de plus de 50% la production de chaleur renouvelable par rapport à 2014, injecter dans le réseau de gaz 8 térawattheures de biométhane, soutenir le développement du biogaz carburant à hauteur de 20% des consommations de gaz naturel pour véhicules (GNV) d'ici à 2023... Le second volet de la PPE est maintenant très attendu. Il comporte deux sujets clés : l'évolution du parc nucléaire et la maitrise des consommations d'énergie. « Les scénarios seront rendus publics avant le 1er juillet », a assuré Ségolène Royal. Mais il faudra sans doute encore patienter avant la publication formelle de la PPE. « Ce document sera soumis à la consultation avant le 1er juillet et adopté à l'automne », a précisé François Hollande.Clore de nombreux dossiersLe président français a aussi confirmé la publication d'ici à la fin 2016 du décret abrogeant l'autorisation d'exploiter de la centrale nucléaire de Fessenheim. Mais l'avenir des autres réacteurs ne sera certainement pas décidé durant ce quinquennat. François Hollande renvoit en effet à 2018. Cette année-là, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) remettra un avis sur le sujet et « EDF devra proposer la fermeture de certaines centrales et la prolongation d'autres », prévoit le président de la République.En revanche, l'Exécutif entend ratifier l'Accord de Paris sur le climat le plus vite possible. « Le projet de loi sera débattu en Conseil des ministres le 4 mai pour être adopté d'ici à l'été ». Le président français appelle l'Union européenne à ratifier l'accord avant la fin de l'année. Toujours au niveau européen, François Hollande espère aussi clore de nombreux dossiers climat-énergie avant la fin 2016. Notamment la déclinaison par pays des objectifs sur les émissions de gaz à effet de serre et les renouvelables.Un prix plancher du carbone« La France demandera la suppression de toutes les aides à l'export des centrales à charbon au niveau européen », a évoqué François Hollande. Pour le reste, il a réitéré les positions de la France. Il a appelé à empêcher toute exploitation des gaz de schiste et à réformer le marché des quotas d'émissions de gaz à effet de serre. A ce sujet, le gouvernement vient de confier une mission à Gérard Mestrallet, PDG d'Engie, à l'économiste Alain Grandjean et à Pascal Canfin, directeur général du WWF France. L'objectif est de formuler des propositions pour la mise en place d'un prix plancher ou d'un corridor du prix du carbone au niveau européen. Mais François Hollande l'annonce déjà : « la France s'engagera unilatéralement à donner un prix plancher au carbone ». Les modalités restent cependant à préciser d'ici à la fin de l'année. Fin 2016 également, le projet de loi de Finances lancera le troisième programme des investissements d'avenir. Il sera doté de 10 milliards d'euros. « Deux-tiers des projets concerneront les transitions écologique et énergétique », a promis le président.