Sécheresses, inondations, montées des eaux… Comment évaluer la vulnérabilité d'un portefeuille financier aux risques physiques du changement climatique ? C'est la question à laquelle veut répondre Carbone 4. Le cabinet de conseil a lancé le développement d'une nouvelle méthode. Elle est nommée « Cris » pour « climate risk impact screening ». A terme, elle s'adresse à tous les acteurs qui possèdent ou gèrent des fonds d'investissements, et à ceux qui les conseillent.L'exposition des portefeuillesLe dérèglement du climat aura des impacts sur les activités économiques, les entreprises, les assureurs et la stabilité financière. Les risques concernent les infrastructures, la chaîne logistique ou encore la productivité des entreprises. En France, la loi sur la transition énergétique impose d'ailleurs aux investisseurs concernés d'informer sur le niveau d'exposition de leurs portefeuilles d'actifs aux conséquences du changement climatique.Agréger les donnéesCarbone 4 veut aider les acteurs financiers à mieux connaître les risques physiques qui pèsent sur les investissements. Concrètement, il va développer une méthodologie bottom-up. « Au lieu de partir de données statistiques macro-économiques, qui seraient paramétrées pour s'appliquer aux secteurs voulus, nous allons utiliser les données physiques des entreprises », présente Jean-Marc Jancovici, cofondateur de Carbone 4. Le cabinet va construire les bases de données climatiques nécessaires à l'analyse des risques en fonction des pays, des secteurs, des types d'infrastructures… Un compromis sera recherché pour tenir compte des contraintes liées à la disponibilité, à la qualité et à l'actualisation des données, mais tout en étant suffisamment discriminant. L'idée est de partir autant que possible de la réalité du terrain économique, donc de sous-ensembles cohérents des entreprises et non des grands secteurs économiques. Puis d'agréger les données.Un panel d'investisseurs institutionnelsEn complément, deux outils vont être construits. L'un pour croiser ces bases de données. L'autre pour permettre à l'utilisateur, grâce aux informations qu'il renseignera, d'avoir une note globale du risque pesant sur son portefeuille. Avec des détails à l'échelle de ses actifs financiers. Pour développer ces outils, Carbone 4 compte s'appuyer sur tous les travaux qu'il a menés en dix ans d'existence. Notamment ses 600 missions réalisées, en France et à l'international, et ses 150 références clients dans divers secteurs économiques. Il s'appuie aussi sur un panel d'investisseurs qui ont intégré le projet. Et non des moindres : l'Agence française de développement (AFD), la Caisse des dépôts, le Fonds de réserve pour les retraites (FRR), l'établissement de retraite additionnelle pour la fonction publique (Erafp), Natixis et sa filiale Mirova. Mais aussi CDG Capital, filiale de l'équivalent marocain de la Caisse des dépôts.A noter : ce projet porte sur les risques physiques du changement climatique. Il complète l'offre de Carbone 4 vis-à-vis d'une autre forme de vulnérabilité. Celle liée aux évolutions réglementaires, fiscales et plus largement aux politiques de transition vers une économie bas carbone.Thomas Blosseville