« Créative France » : ce slogan bleu-blanc-rouge s'imposait nettement à l'entrée du salon European utility week. Organisé du 15 au 17 novembre à Barcelone, en Espagne, l'événement a réuni les spécialistes des réseaux électriques européens, voire internationaux. Le vaste stand tenu conjointement par Business France et l'association professionnelle tricolore Think Smartgrids sortait nettement du lot. Ajoutez ceux d'Enedis (ex-ERDF), Engie ou encore Ijenko : la France à Barcelone a affiché sans complexe ses ambitions sur le marché du réseau électrique intelligent (smart grid). Dans les allées du salon, le français était d'ailleurs une langue très largement parlée.Tous les territoiresLe smart grid ? « Ce qui n'était encore qu'un concept il y a peu est aujourd'hui une réalité et devient un véritable marché. Il existe des enjeux liés au smart grid partout dans le monde. C'est la clé des villes intelligentes, de l'efficacité énergétique, de l'intégration des énergies renouvelables et de la qualité des réseaux électriques », observe Philippe Monloubou, président de Think Smartgrids. Cette association professionnelle a été créée en avril 2015 dans le cadre du programme de la Nouvelle France industrielle. Elle vise à rassembler la filière française pour la positionner sur un marché mondial estimé à 30 milliards d'euros. Urbains, ruraux, insulaires… « Les réseaux électriques intelligents représentent aujourd'hui un enjeu prioritaire dans tous les types de territoires à travers le monde », s'enthousiasme Philippe Monloubou. « La France a des savoir-faire à faire valoir. Il nous faut faire la preuve de l'efficience de nos solutions, montrer que nous sommes capables d'apporter des réponses industrielles et des modèles économiques adaptés à chaque territoire pour y créer de la valeur. »Des marchés en fort développementC'est tout le défi que devront relever les projets régionaux Smile et Flexgrid. Tous les deux étaient présentés à Barcelone. Le premier sera mené en Bretagne et dans les Pays de la Loire. « Smile est plus qu'un démonstrateur. C'est un territoire de déploiement d'ici à 2020 des solutions smart grid françaises. Sur quatre départements : Ile-et-Villaine, Morbihan, Loire-Atlantique et Vendée », présente Françoise Restif, coordinatrice du projet Smile pour l'agence régionale Bretagne développement innovation. Smile sera formellement lancé durant l'hiver prochain à travers la création d'une association spécifique et de groupes de travail. En région Paca, Flexgrid suivra un but analogue : servir de vitrine aux solutions tricolores. Sa structuration devrait être finalisée d'ici à la mi-2017 pour mener à bien une trentaine de projets. « Chacun d'entre eux sera associé à un territoire qui reflètera un marché en fort développement, en France et dans le monde, et à une solution complète pour répondre à cette demande », précise Aurélie Bringer, chef de projet Flexgrid au pôle de compétitivité Capenergies.Des systèmes complexesPour s'imposer sur le marché mondial, l'association Think Smartgrids a mis en avant sur le salon cinq savoir-faire français. D'abord, la gestion des données et des actifs du réseau électrique, à l'image de la société Cosmo. Elle est spécialisée dans la simulation des systèmes complexes, comme la modélisation et l'anayse de scénarios de déploiement du photovoltaïque dans un quartier. Ensuite, le stockage d'énergie, avec des entreprises comme Saft et Socomec. Mais aussi la maîtrise de l'énergie dans les bâtiments et l'Internet des objets. Ou encore la gestion de la flexibilité du réseau électrique pour parvenir simultanément à intégrer les énergies renouvelables et à moduler la demande des consommateurs.Blockchain et flexibilité du réseauLes acteurs français du smart grid ont profité du salon pour présenter leurs projets, naissants ou aboutis, faisant appel aux dernières tendances du secteur. Comme la blockchain, cette technologie émergente pour échanger les informations de façon totalement décentralisée, de pair à pair. Un projet, par exemple, porte sur une monnaie numérique cryptée associant blockchain, photovoltaïque et financement participatif. D'autres visent à tester le potentiel de flexibilité du réseau électrique ou à faire converger les solutions d'efficacité énergétique dans le secteur résidentiel. La plupart ont pour maîtres-mots l'innovation, la standardisation et l'industrialisation. Environnement Magazine vous les présentera un à un dans les jours qui viennent.Thomas Blosseville