1 Qu’est-ce que l’autoconsommation photovoltaïque ?L’autoconsommation photovoltaïque consiste à produire son électricité solaire pour la consommer. On distingue trois modes possibles. Le premier, « au fil du soleil », quand l’électricité n’est consommée que s’il y a concomitance entre la production et les besoins. Le deuxième, avec un pilotage de la demande, quand les besoins sont ajustés en fonction de la production. Le troisième prévoit un stockage dans des batteries, un pilotage de la demande et une optimisation de la décharge. On différencie aussi l’autoconsommation « partielle », dans laquelle le surplus de production est injecté dans le réseau, et l’autoconsommation « totale », c’est-à-dire sans injection. Aujourd’hui, l’autoconsommation est individuelle : un seul acteur produit et consomme. Mais elle pourra bientôt être collective, en application de l’ordonnance sur l’autoconsommation. Celle-ci va ouvrir la voie à la production partagée localement entre plusieurs consommateurs.2 Quels sont les moteurs du marché ?L’intérêt de l’autoconsommation est économique et écologique. Elle permet de satisfaire une partie de ses besoins électriques avec des électrons produits au plus près de la demande avec une source d’énergie renouvelable, à un coût stable et compétitif sur vingt-cinq ans. Avec l’entrée dans l’ère de la parité réseau, un nouveau modèle économique émerge pour la filière. Le coût du kilowattheure solaire devient inférieur au prix de l’électricité distribuée par le réseau. Cette parité dépend de plusieurs paramètres : l’ensoleillement du site, le prix de l’électricité distribuée, le dimensionnement et le coût de l’installation photovoltaïque. L’équilibre économique est notamment sensible à l’inflation du prix de l’électricité, pour laquelle on peut retenir l’hypothèse nominale de l’Ademe pour les tarifs non régulés. Soit une hausse de 5 % par an d’ici à 2020 et 1,2 % au-delà. Pour l’usager, l’autoconsommation permet de réaliser durablement des économies sur une partie de sa facture d’électricité. Elle peut diminuer ou effacer les coûts de raccordement au réseau. Au niveau de l’intérêt général, elle favorise la montée en puissance de la production d’électricité renouvelable. Elle minimise la question de l’intégration au réseau et réduit les pertes techniques en ligne. Grâce aux gains en compétitivité du photovoltaïque, le modèle économique de l’autoconsommation demande moins d’aide publique que la vente totale de l’électricité solaire. Dans certains cas, on arrive même déjà à s’en affranchir. On devrait s’en passer totalement pour tous les segments de marché d’ici à cinq ans.3 Quelles sont les applications les plus pertinentes ?Actuellement, les situations les plus adaptées à l’autoconsommation photovoltaïque individuelle sont celles où la consommation d’électricité coïncide avec la production solaire. Les secteurs tertiaire, industriel, agricole et les équipements publics sont principalement concernés. L’analyse du profil de consommation d’électricité du site est essentielle pour évaluer la pertinence technico-économique d’un projet. Ce profil dépend des principaux postes consommateurs du bâtiment ou du site en question, ainsi que de leur fréquence d’utilisation. Quotidienne, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle ? En semaine ou pendant les week-ends ?4 Que va changer l’ordonnance sur l’autoconsommation collective ?L’autoconsommation photovoltaïque est désormais une solution mature à l’échelle individuelle. Mais elle donnera naissance à de nouveaux modèles économiques avec l’autoconsommation collective. La mise en application de l’ordonnance n° 2016-1019 du 27 juillet 2016 relative à l’autoconsommation d’électricité va ouvrir la voie à la production destinée à plusieurs consommateurs. Cette ordonnance crée un cadre juridique favorable au partage d’électricité entre producteur(s) et consommateurs au niveau d’une même antenne basse tension du réseau de distribution. Avec une limite de 100 kW de puissance en production si l’on veut bénéficier d’un tarif spécial pour l’usage du réseau électrique. Ce nouveau cadre rend notamment possible le développement de projets « solaires solidaires » pour baisser l’intensité de la précarité énergétique dans les logements collectifs. Des projets pour alimenter des lotissements et des quartiers vont également pouvoir se monter sur la base du foisonnement des consommations. Les décrets d’application de cette ordonnance sont attendus courant 2017. L’autoconsommation photovoltaïque partagée pourra alors prendre son essor.