À deux mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a présenté à Belfort son plan énergétique à l’horizon 2050. Après avoir reconnu, le retard accumulé dans la production énergétique décarbonée, le Président de la République a déclaré vouloir « reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France »,« à côté des énergies renouvelables ».
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Suit l’éolien terrestre, malgré les réticences paysagères dont il fait l’objet, le chef de l’État ambitionne de doubler sa production pour 37 GW. Quant à l’éolien offshore, le Président vise 40 GW en service d’ici 2050. Une production qui sera soutenue par une planification maritime du développement de parcs éoliens en mer.
Mieux informer sur les énergies renouvelables
Les annonces du Président et potentiel candidat à l’élection présidentielle, concordent avec les propositions issues du livre blanc du Syndicat des énergies renouvelables (SER) pour la transition énergétique. « Pour être au rendez-vous en 2050, la France doit dès à présent passer à la vitesse supérieure en matière de renouvelables », commente Jean-Louis Bal, président du SER. Parmi les recommandations phares de ce livre blanc, le SER propose un programme national d’information sur les énergies renouvelables pour « un débat éclairé et fondé sur des faits », ainsi que la mis en place d’un pacte « Investir en confiance » afin de renouveler les modes de financement des énergies renouvelables.
Le syndicat a également élaboré des mesures sectorielles pour répondre aux enjeux des 12 filières du renouvelable. Pour l’éolien terrestre, le SER invite l’État à accélérer les instructions des projets et faire « bénéficier les communes d’implantation des retombées directes des parcs à travers la mise en place d’un nouveau fonds ». Le syndicat appelle également au lancement un exercice de planification maritime dès 2022 pour l’éolien offshore, et conclure un Pacte de filière pour formaliser des engagements relatifs à sa pérennisation. Quant au solaire photovoltaïque, le SER conseille d’encourager de nouvelles implantations industrielles innovantes « pour positionner la France comme un véritable acteur du solaire ».
Renaissance du nucléaire
Après son inclusion dans la taxonomie européenne, le nucléaire vit une renaissance. Emmanuel Macron a demandé à EDF d’étudier avec l’ASN la prolongation des réacteurs au-delà de 50 ans. Le chef de l’État a également proposé un nouveau programme de construction de six nouveaux EPR de nouvelle génération (EPR 2) et l’étude de mise en chantier de huit EPR supplémentaires avant 2050. Les nouveaux réacteurs visent à apporter une production d’environ 25 GW.
En outre, un appel à projets d’un milliard d’euros sera lancé pour l’émergence des SMR, petits réacteurs modulaires. Ces mini réacteurs disposeraient d’une capacité de production estimée entre 50 et 500 MWe, souligne le Commissariat à l’énergie atomique, « en comparaison des 900 à 1450 MWe d’un réacteur français actuel ».
Le nucléaire ne fait pas l’unanimité
L’Union française de l’Électricité approuve ce plan ambitieux. Celle-ci considère que la filière nucléaire « doit être pérennisée et renouvelée et, pour cela, il convient de prolonger la durée de vie des centrales existantes, dans le respect des exigences de sûreté, mais aussi de lancer rapidement les chantiers de nouvelles installations nucléaires ».
En revanche, le Réseau Action Climat dénonce dans un communiqué cette relance « désastreuse » du nucléaire annoncée de « façon unilatérale » par le Président. D’après ce collectif « Relancer une filière nucléaire est une option coûteuse et qui ne répond pas à l’urgence d’avoir, dès la prochaine décennie, un parc électrique bas carbone et sans défaillance », avant d’ajouter que la « priorité doit être de rattraper notre retard sur les énergies renouvelables, où la France est la mauvaise élève européenne. C’est un grand plan de développement de ces énergies qui doit être annoncé, avec aussi des mesures sur la sobriété et l’efficacité énergétique ».