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HYDROGÈNE

La filière hydrogène francilienne face à ses défis stratégiques

PUBLIÉ LE 16 AVRIL 2025
A.A
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La filière hydrogène francilienne face à ses défis stratégiques
Crédits : AREC Île-de-France
Entre ambitions climatiques et réalités industrielles, l’Île-de-France cherche à structurer une filière hydrogène compétitive et durable.

Dans un contexte de transition énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la filière hydrogène francilienne s’impose comme un levier potentiel de décarbonation. La région dispose d’atouts notables : une concentration unique d’acteurs industriels, académiques et institutionnels, ainsi qu’un tissu économique propice à l’innovation. Pourtant, la filière demeure à un stade critique de son développement. Selon l’Étude de l’AREC Île-de-France, la dynamique amorcée par les pouvoirs publics et les industriels doit aujourd’hui franchir une nouvelle étape pour passer de la phase de projet à celle d’une industrialisation pérenne.

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Un vecteur clé de la décarbonation industrielle et de la mobilité
L’hydrogène bas-carbone, en particulier lorsqu’il est produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, est appelé à jouer un rôle de premier plan dans plusieurs secteurs stratégiques de la région. Dans le secteur industriel, l’hydrogène apparaît comme une alternative sérieuse pour remplacer l’hydrogène gris issu de ressources fossiles. Il permet notamment de décarboner certains procédés à forte intensité énergétique, comme la production de verre, de ciment ou d’acier. Plusieurs sites industriels franciliens étudient la conversion de leurs équipements pour intégrer cette nouvelle source d’énergie.

Du côté de la mobilité, les applications sont tout aussi prometteuses. L’hydrogène se positionne comme une solution adaptée aux usages intensifs et à longue distance, là où la batterie électrique trouve ses limites. Bus, camions de collecte de déchets, trains sur des lignes non électrifiées ou encore taxis à hydrogène sont autant de segments identifiés comme prioritaires par la région.

Enfin, le potentiel de l’hydrogène en tant que vecteur de stockage de l’énergie est également étudié. Sa capacité à stocker l’électricité excédentaire produite par les énergies renouvelables (éolien, solaire) et à la restituer en période de forte demande pourrait contribuer à la stabilité du réseau électrique francilien.

Des projets emblématiques en cours
La région francilienne multiplie les initiatives pour favoriser l’émergence d’une filière intégrée. Parmi les projets structurants :
H2 Hub Airport, piloté par le Groupe ADP, vise à faire de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle un hub hydrogène européen. Le projet prévoit la construction d’électrolyseurs capables de produire de l’hydrogène sur site, ainsi qu’une station de distribution destinée à alimenter aussi bien les véhicules de service aéroportuaire que, potentiellement à terme, les avions à hydrogène.

Le déploiement de stations hydrogène, mené notamment par HysetCo, accompagne la montée en puissance de la mobilité hydrogène. Ces stations, déjà partiellement opérationnelles, fournissent du carburant à la flotte de taxis Hype, qui ambitionne de faire circuler plus de 10 000 véhicules hydrogène d’ici 2030. Des bus et véhicules utilitaires devraient également y avoir accès dans le cadre des marchés publics régionaux.
Dans le domaine du transport ferroviaire, la SNCF expérimente des trains à hydrogène sur les lignes non électrifiées, comme celle reliant Paris à Provins. Ces essais doivent permettre d’évaluer les performances, la rentabilité et la viabilité technique d’un tel mode de propulsion dans le contexte francilien.

Enfin, des projets d’unités de production d’hydrogène vert sont en cours à Gennevilliers et à Bonneuil-sur-Marne. Alimentés par de l’électricité renouvelable ou issue du réseau, ces électrolyseurs visent une production locale pour répondre aux besoins croissants des acteurs industriels et du transport.

Une filière confrontée à des obstacles majeurs
Malgré ces avancées, la filière francilienne reste freinée par plusieurs verrous : le premier obstacle est d’ordre économique : le coût de production de l’hydrogène vert reste encore nettement supérieur à celui de l’hydrogène fossile. Cette contrainte limite sa compétitivité, en particulier pour les usages industriels soumis à des impératifs de rentabilité à court terme.
Sur le plan des infrastructures, le réseau de transport et de distribution d’hydrogène est encore balbutiant. Le manque de connexions entre les sites de production, de stockage et de consommation entrave les perspectives d’industrialisation à grande échelle.
En parallèle, le cadre réglementaire reste incertain, malgré les progrès des stratégies nationale et européenne. Les acteurs de la filière attendent davantage de clarté sur les dispositifs de soutien, les normes techniques et les mécanismes de financement à long terme.
Enfin, la concurrence internationale s’intensifie. L’Allemagne, pionnière en matière d’investissements hydrogène, tout comme le Japon ou la Corée du Sud, ont déjà pris une avance significative sur les volets technologiques et commerciaux. L’Île-de-France devra se montrer ambitieuse et agile pour rester dans la course.

Une mobilisation nécessaire pour concrétiser les ambitions
Le développement de la filière hydrogène en Île-de-France repose sur la création d’un écosystème cohérent, articulé autour de coopérations public-privé et d’une dynamique d’innovation forte. La constitution de partenariats entre collectivités territoriales, industriels, chercheurs et investisseurs apparaît comme la condition essentielle pour franchir un cap.

Par ailleurs, la filière devra rapidement accélérer le passage à l’échelle industrielle et commerciale pour s’imposer durablement sur le marché. Au-delà de son potentiel environnemental, elle représente un véritable levier de compétitivité et d’attractivité économique pour la région.
Une filière à la croisée des chemins

Le devenir de l’hydrogène en Île-de-France repose aujourd’hui sur des décisions stratégiques majeures. Structurer une filière compétitive et résiliente, lever les freins technico-économiques et créer un environnement favorable à l’investissement : tels sont les trois piliers indispensables pour concrétiser les ambitions régionales.

Au-delà des discours, les prochaines années seront déterminantes pour savoir si l’Île-de-France saura transformer ce pari industriel en succès énergétique durable.


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